mercredi 22 septembre 2010

Musique : Les Takam II signent leur retour



Parcours du groupe créé en 1985 au Cameroun par Jean et Michel Takam.
Le groupe Takam II a donné un concert samedi, 11 septembre 2010 au Centre culturel français de Yaoundé. La date de ce concert n’a pas été choisie au hasard. Elle marque le neuvième anniversaire des attentats du World trade center à New York aux Etats-Unis. A cette occasion, les Takam II ont présenté leur nouveau single, « Hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001 ». Ce spectacle scelle le retour sur la scène musicale du mythique groupe de musique patrimoniale. En 25 ans de carrière, Takam II a connu bien des revers. Il a survécu au décès de son leader, Jean Takam, et continue de tenir la musique par le bon bout.
En 1985, Jean et Michel Takam, férus de musique, décident de créer un groupe. Jean et Michel Takam sont cousins, mais ils s’entendent comme des frères et le laissent d’ailleurs croire aux autres. De leur grand-père, ils ont hérité leur patronyme. Mais pas seulement. Leur passion pour l’art également, car le papy était tailleur de dents et tatoueur, là-bas à Bamendjou, à l’Ouest-Cameroun.
Le groupe opte pour la musique patrimoniale et joue divers rythmes qu’il désigne sous le nom lossi (lève-toi). Parmi ces rythmes, le mahop, le kegna, le lali, le pomadjong, le samali et le kouodjang. Il réalise aussi ses propres chorégraphies et d’adopte des tenues confectionnées avec du ndop, un tissu emblématique des Grassfields. « Nous avons voulu préserver notre patrimoine. J’ai espoir que demain, ce rythme va prendre son envol », espère Michel Takam.
Cette année-là, en 1985, les deux frères donnent leur premier spectacle au Centre culturel français de Yaoundé. Face au succès de ce spectacle, le groupe commence à chercher un producteur. En 1989, leur premier album sort sur supports cassettes chez Akam’s production, en France. L’album « Kouang » (la bague) est un succès au Cameroun. Il est porté par le titre éponyme. Et dans les rues, on entend des gens psalmodier le refrain « wawa houwa, wawa houwa ha ! ». La chanson raconte l’histoire d’un homme paresseux qui demande une bague dans le « famla » pour avoir de l’argent, sans avoir travaillé. Il devient fou par la suite, et regrette son acte. Le succès de cet album ne profite pourtant pas au groupe. Michel Takam explique que des 7 000 cassettes produites, 6 000 exemplaires ont été déposés chez un distributeur au marché Mokolo à Yaoundé. Quelques jours après, le marché a brûlé, les cassettes avec. En 2000, Takam II revient sur la scène avec un second album, « Gné ché gné » (connaître son prochain).

Le décès de Jean Takam

Le 30 juin 2002, Jean Takam décède à Yaoundé. Six ans après, la blessure n’a pas cicatricé dans le cœur de Michel. Il en parle avec une voix rauque, les yeux rougis : «Le décès de mon frère a été très difficile à accepter. Je ne voulais plus faire de la musique ». Il aura fallu l’intervention de plusieurs personnes pour le décider du contraire. Patiemment, obstinément, Michel Takam, devenu bien malgré lui le leader du groupe, essaie de le reconstituer. Un chanteur, lui-même, trois choristes et des musiciens. En 2004, le groupe sort son troisième album, « Mumé ngné » (le frère d’autrui). C’est un hommage à Jean Takam, pour que son souvenir vive à jamais.
En 2010, les Takam II composent une chanson en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre. Michel Takam explique : « Ces attentats, je les ai regardés à la télé, c’était horrible. Je m’imaginais à la place de ces gens qui mouraient sous les décombres. Et je dis : il faut qu’on arrête la fabrication des armes qui détruisent tant de vies innocentes », s’indigne le chanteur. Le single n’est pas encore sorti sur un support, faute de financement. Takam II cherche d’ailleurs un producteur, pour la sortie d’un 4ème album : « Plusieurs producteurs nous ont demandé de diversifier notre rythme, pour des raisons commerciales, mais nous avons toujours refusé. Nous voulons faire un travail qui porte. Aussi, cherchons-nous un mécène qui aime la culture pour la culture», affirme-t-il.
Stéphanie Dongmo

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