jeudi 16 décembre 2010

Livre : Pour en finir avec le harcèlement sexuel à l'université

Jean-Emmanuel Pondi donne des issues de secours aux étudiantes victimes dans son dernier ouvrages paru chez Clé à Yaoundé.

Jean-Emmanuel Pondi a choisi de briser le silence sur un phénomène bien présent dans les universités camerounaises: le harcèlement sexuel exercé par des enseignants sur des étudiantes. Dans son livre, « Harcèlement sexuel en déontologie en milieu universitaire » qui vient de paraître en français et en anglais aux éditions Clé, le secrétaire général de l'université de Yaoundé I, en acteur du système, examine les causes et les conséquences de ce phénomène pour, enfin, proposer des issues de secours aux victimes qui ne doivent plus se taire.

En prélude à toute réflexion, l'auteur publie neuf témoignages d'étudiantes de l'université de Yaoundé I victimes de harcèlement sexuel. Le seul témoignage fait à visage découvert est celui d'Elise Mballa Meka, ancienne étudiante à l'université de Yaoundé, aujourd'hui présidente du conseil d'administration de la Sociladra. Pour Jean-Emmanuel Pondi, « il ne peut y avoir égalité de droit, de chance ou progrès pour tous quand une partie de la population estudiantine subit des traitement qui portent atteinte à la dignité humaine et entravent la bonne poursuite de son cursus normal à l'université » (P. 26).

Les causes du harcèlement sexuel en milieu universitaire sont nombreuses : la faiblesse du ratio de l'encadrement académique (un enseignant pour 140 étudiants dans les grandes métropoles); la masculinité de l'enseignement (seulement 19% des enseignants sont des femmes) ; la sur-représentation des filles dans les filières autres que scientifiques et technologiques, « filières dans lesquelles l'attribution des notes obéit à un barème plus clair et plus strict facilement chiffrable » ; la précarité financière des étudiantes qui les rend vulnérables et la démission de certains parents face à leur responsabilité. Les conséquences de cette dérive vont de la violation des droits de l'étudiante aux meurtrissures morales difficiles à soigner. Victimes de harcèlement sexuel, beaucoup d'étudiantes choisissent de changer de filière, d'université ou encore de pays, avec un coût psychologique et financier supplémentaire.

Au Cameroun, déplore l'auteur, il n'existe pas de loi spécifique sur le harcèlement sexuel. De plus, « parce qu'elles sont perpétrées de façon insidieuse, les violences faites aux femmes comptent parmi les actions les plus difficiles à identifier et à établir par une tierce personne comme le veut la loi. Cette caractéristique n'enlève rien à leur illégalité », écrit-il. Et de donner des issues de secours aux victimes : la cellule d'écoute et de conseil du Centre médico-social de l'université de Yaoundé I; l'Association de lutte contre les violences faites aux femmes (Alvf); la commission diocésaine justice et paix de l'archidiocèse de Yaoundé; l'Association camerounaise des femmes juristes (Acafej).

Cependant, pour une meilleure protection des étudiantes, Jean-Emmanuel Pondi, qui est par ailleurs enseignant à l'Institut international de relations internationales du Cameroun (Iric), suggère l'élaboration d'une charte d'éthique et de déontologie universitaire qui stipulerait les droits et les devoirs de chaque membre de la communauté universitaire.

Stéphanie Dongmo


Jean-Emmanuel Pondi

Harcèlement sexuel et déontologie en milieu universitaire

Préface de Marcelline Nnomo

Editions Clé, Yaoundé

Décembre 2010

80 pages, prix: 2500Fcfa

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