mercredi 27 avril 2011

Musique: Valsero s'en va en guerre

Le rappeur engagé revient avec un single, dans lequel il demande aux Africains de se mobiliser pour barrer la voie à la communauté internationale.


Valsero voit désormais grand. Plus indigné que jamais, le rappeur revient avec un nouveau single qui s'ouvre aux problématiques africaines, tout en continuant à dénoncer. Produit par le mouvement « Valsero et les enfants de la révolution », dans le cadre de son projet « Liberté pour l'Afrique », le single de deux titres sort officiellement le 19 mai 2011. Avec ses textes incisifs et courageux, qui épousent les thématiques actuelles, le rappeur dit vouloir s'impliquer dans la reconstruction de l'Afrique.

« J'en veux » est le premier titre inédit de ce single. L'artiste, que ses fans ont surnommé Général, y porte le cri des Africains qui en ont marre de vivre « libres mais enchaînés ». De sa voix rocailleuse, il balance des volées de bois vert à tous ceux qui ont une part de responsabilité dans cette situation. Chacun en prend pour son grade: la communauté internationale pour son ingérence, l'Occident pour son manque d'humanisme, les présidents africains complices de l'impérialisme occidental, la société civile qui reste muette, les multinationales jouisseuses de richesses africaines. Valsero n'épargne pas même la jeunesse dont il s'est souvent fait le porte-parole, et l'accuse de défaitisme. Il va plus loin et s'assène un coup de massue, pour aimer tant « remuer la merde ». Dans son texte, des bips viennent parfois taire des mots grossiers qu'il balance. Déchaîné, Valsero ? Absolument.

Onu, persona non grata

L'artiste, qui s'inspire de l'actualité mondiale, a suivi de près la crise ivoirienne. Voyant la passion qu'elle suscitait au Cameroun, il s'est souvenu de ce qu'Alpha Blondy lui a dit un jour : « Valsero, faut jamais laisser rentrer l'Onu chez vous. Une fois que l'Onu entre chez vous, vous perdez le contrôle de votre pays, parce que derrière le manteau des soldats de la paix, il existe toujours la guerre ». Ces paroles lui inspirent la chanson « Freedom », dans laquelle il demande à la communauté internationale de laisser l'Afrique gérer ses problèmes. « Si aujourd'hui l'Afrique se transforme en un bain de sang, c'est parce que la communauté internationale pratique bien la technique d'attiser la flamme », soutient-il. Ainsi, il appelle les Africains à se mobiliser face aux « envahisseurs », en l'occurrence les soldats de la paix, qu'il qualifie de « vendeurs d'illusion ».

Contrairement aux millions de jeunes camerounais qui « ne savent que subir en silence dans les bars, tout en rêvant de l'étranger », Valsero, lui, veut regarder la réalité bien en face, aussi laide qu'elle soit. Ayant touché cette laideur du doigt, il dénonce avec ses tripes. Cette hargne, il la partage avec une dizaine d'autres jeunes qui forment le mouvement « Valsero et les enfants de la révolution ». Une organisation qui, sans être une association, combat la corruption et appelle les jeunes à s'inscrire massivement sur les listes électorales, en vue de la présidentielle de cette année.

Après « Autopsie » en 2010, « Réponds » en 2009 et « Lettre au président » en 2008, Gaston Ebe, de son vrai nom, marque une nouvelle étape dans sa carrière en s'ouvrant au monde, de la Chine en Israël, en passant par l'Afrique. Les dirigeants camerounais auxquels il n'a jamais fait de cadeau dans ses précédents morceaux peuvent souffler. Ouf ! Mais pas trop vite. Car, dit Valsero, « parler de l'Afrique, c'est parler du Cameroun ».

Stéphanie Dongmo



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