mercredi 27 juillet 2011

Musique: Fally Ipupa est en France

Le chanteur congolais a rejoint Paris lundi dernier, alors qu'une plainte pour escroquerie a été déposée contre lui ; l'organisateur de ses concerts au Cameroun dénonce une campagne de dénigrement.

Après deux concerts à Yaoundé et à Douala les 22 et 23 juillet derniers, Fally Ipupa se trouve à Paris. Il a pris un vol Air France dans la nuit de lundi dernier. Avant cela, le même jour, dans la matinée, l'artiste congolais a été reçu par la ministre de la Culture, Ama Tutu Muna, qui lui a adressé des félicitations. Pendant ce temps, une plainte était déposée contre lui à la direction de la Police judiciaire (Pj) à Yaoundé pour « escroquerie et abus de confiance ». Suite à cela, un avis de recherche a été délivrée contre lui par le sous directeur des enquêtes économiques et financières de la Pj. Le plaignant, Edmond Gerson Jouopan, le président directeur général du cabaret Lisa et Christopher sis à Tsinga à Yaoundé, exige réparation pour le préjudice causé son désistement, le 24 juillet.
Les affiches et les organisateurs du concert l'avaient annoncé. Fally Ipupa devait se produire à Lisa et Christopher, au cours d'un dîner-spectacle dont l'entrée avait été fixé à 50 000Fcfa par couple. Dimanche dernier, aux alentours de 18h, Fally Ipupa est arrivé sur les lieux. Tandis que ses musiciens s'installaient sur scène, il est resté dans sa voiture. Une heure après, il est retourné à l'hôtel Hilton où il séjournait, sans jouer. Edmond Jouopan explique dans sa plainte que Fally Ipupa lui a exigé la somme de 4,5 millions Fcfa pour se produire. Le contrat tacite qu'il aurait passé avec l'artiste prévoyait, dit-il, que Fally Ipupa devait se produire « en contrepartie de la moitié de la recette provenant de la vente des billets déduite des coûts du menu ». Car, le cabaret devait aussi s'occuper de la restauration de l'équipe de l'artiste les 23 et 25 juillet. « J'avais déjà avancé la somme de 300 000Fcfa », ajoute Edmond Jouopan.
Faux, répond Valère Georgette Segwe, la présidente de L'Association de promotion des arts et de la culture camerounaise (Apac2ef), organisatrice des concerts de Fally Ipupa au Cameroun. Jointe au téléphone hier, elle explique que Edmond Jouopan n'a jamais passé de contrat avec Fally Ipupa mais avec elle. Edmond Jouopan confirme et ajoute que « Valère Segwe parlait au nom de Fally Ipupa, ce qui pour moi, reviens au même ». Valère Segwe affirme que c'est elle qui a demandé à Fally Ipupa de ne pas se produire, parce que le Pdg du cabaret a refusé de payer le cachet convenu. Soit la somme de 3,5 millions Fcfa, révèle Dominique Tita, un membre du comité d'organisation. « Finalement, Edmond Jouopan a proposé 1 million de Fcfa pour que l'artiste joue une seule chanson. Mais Valère a jugé que cela n'était pas sérieux ». Il ajoute que l'équipe de Fally Ipupa n'a mangé chez Lisa et Christopher qu'une seule fois, samedi soir: « Nous sommes donc surpris qu'il porte plainte contre Fally avec qui il n'a passé aucun accord, et non contre l'organisatrice du concert. Cette plainte, pour nous, est une campagne de dénigrement».
Stéphanie Dongmo

dimanche 24 juillet 2011

Le film «Pégase» primé à Kourigba

Le Grand prix Sembène Ousmane a été décerné à la 14ème édition du festival du cinéma africain de Khourigba à  «Pégase», le psychodrame du Marocain Mohamed Mouftakir. C'était samedi dernier dans cette ville marocaine. « Pégase », qui sortira en salle en novembre prochain, avait déjà gagné l'Etalon d'or au Fespaco et le Grand prix au festival du film de Tanger. D'autres films ont été distingués. Ainsi, «Le Mec idéal», une comédie romantique réalisée par l'Ivoirien Owell Brown et produite par le Camerounais Jean Roke Patoudem, a remporté les 1ers rôles masculins et féminins avec Mike Danon et Emma Lohoues.

Kirikou revient en 2012

Après les succès des films d'animation «Kirikou et la sorcière» (1998), «Kirikou et les bêtes sauvages» (2005), le réalisateur franco-belge Michel Ocelot annonce «Kirikou et les hommes et les femmes», dont la sortie est prévue le 5 décembre 2012. Le 3e épisode du long métrage qui met en scène le vaillant petit garçon africain sera composé de cinq histoires reliées les unes aux autres et relatées par le noble grand-père de Kirikou. Ce qui ne va pas changer, c'est la taille et la jeunesse de Kirikou, de même que son courage. Car, l'enfant viendra encore à bout de tous les obstacles (à l'instar de la redoutable sorcière Kabala). Il devra aussi faire preuve à nouveau d'une belle philosophie de vie.

Le peintre Lucian Freud est mort

L'artiste britannique, petit fils de Sigmund Freud, le fondateur de la psychanalyse, est décédé le 21 juillet dernier à Londres, à l'âge de 88 ans. Lucian Freud, qui était l'un des artistes vivants les plus chers, s'est fait connaître pour ses tableaux réalistes où il mettait en scène des corps éprouvés par la vie. Il était célèbre pour le réalisme brutal de ses tableaux dont la reine d'Angleterre, Elisabeth II, en avait fait les frais en 2000. Lucian Freud naît en 1922 à Berlin. Son père, Ernst Ludwig Freud, est le plus jeune fils de Sigmund Freud. Il expose, pour la première fois, à Londrs en 1944. Ami de Picasso et de Giacometti, son talent est reconnu à partir des années 70. Lucian Freud laisse en héritage des œuvres qui prouvent la puissance évocatrice des corps mis à nu.

Remember Essindi Mindja


La fondation Essindi Mindja (Fem) commémore les six ans de la disparition de l'humoriste décédé le 25 juillet 2006 en France, des suites d'une lésion cancéreuse. La cérémonie se déroulera le vendredi 29 juillet prochain à partir de 19h au restaurant cabaret Savanah, au quartier Fouda, à Yaoundé. Au programme : humour, musique et chants, ainsi que la présentation des productions d'Essindi Mindja en cassettes et vidéos. Mais avant, la directrice du Fem, Rosalie Essindi, donne une conférence de presse mardi prochain à 11h au restaurant Savanah.

Hubert Maheux est décédé


Hubert Maheux, l'ancien directeur du Centre culturel François Villon de Yaoundé (CcFv), est décédé le 13 juillet 2011 en France des suites de maladie. Arrivé au Cameroun en septembre 2008, Hubert Maheux, qui souffrait d'une tumeur au cerveau, a dû retourner en France où il a été hospitalisé. Avec Marc Pabois et Jean Yango, Hubert Maheux vient de publier «Douala, capitale économique», aux éditions Lieux dits. L'ouvrage sorti en mai dernier interroge le patrimoine architectural de la capitale économique, de la période allemande à 2010, l'année du cinquantenaire de l'indépendance. Le nouveau directeur du Ccf de Yaoundé, Yves Ollivier, prendra les rênes en septembre prochain.

Deneuve Djobong : Entre le cinéma et le théâtre, son cœur balance

L'actrice qui s'est depuis peu lancée dans le théâtre est la seule femme distinguée du 3ème prix de la mise en scène à l'issue d'un concours organisé par l'Institut Goethe de Yaoundé.

Actrice, comédienne et metteur en scène. C'est sous ce triptyque que se définit Deneuve Djobong. Sous cette dernière casquette, elle a été distinguée à l'issue d'un concours de mise en scène organisé par l'Institut Goethe de Yaoundé, dans le cadre de la célébration de ses 50 ans au Cameroun, autour de la pièce de théâtre intitulée «Iphigénie en Tauride» de Johann Wolfgang von Goethe. La jeune femme de 35 ans a reçu le 3ème prix derrière Elvis Bvouma et Junior Esseba. Avec 100 000Fcfa à la clé. «J'étais réticente à postuler au départ, vu la modicité du prix à gagner. Mais j'ai compris que l'argent n'était pas tout », dit-elle. Sur cette pièce dont seulement 15 minutes ont été mises en scène, Deneuve Djobong a joué aux côtés de Joseph Wamba et Gabriel Fomogne, la régie étant assurée par Maurice Essomba.
Deneuve Djobong est passé par le cinéma avant d'arriver au théâtre. En 1996, elle fait une entrée remarquée dans le 7ème art par un rôle dans le film « Les cercles du pouvoir » de Daniel Kamwa. Suivra « Fragments de vie » de François Woukoache en 1999, où elle tient le premier rôle. Son père qui, jusqu'alors, regardait d'un œil méfiant cette activité, lui exprime son mécontentement. Motif : Deneuve apparaît nue dans une scène du film. Clash. Entre la maison familiale et le cinéma, elle choisit le second. D'autant plus que le métier lui sourit. Les séries suivent. On la voit dans « Just for fun », « Le revenant » et « Monsieur et madame sous mon toit ». Après quoi, elle joue dans « La déchirure I » d'Alphonse Beni en 2005 et « Confidences » de Cyrille Masso en 2006 . Et depuis, plus rien. 
Passage à vide 
« Le cinéma me déçoit parce qu'il n'y a pas beaucoup de productions au Cameroun », dit l'actrice. Pour combler ce passage à vide, Deneuve Djobong a lancé sa propre compagnie de théâtre baptisée « Art en 2000 ». La compagnie a joué des pièces qu'elle affiche dans son palmarès: « Stade de la liberté » de Israël Tsipamba, « Ubu roi » de Alfred Jarry et « L'histoire d'amour de Roméo et Juliette » de Philippe Car. Après une formation de metteur en scène pendant 3 ans à Tunis, Deneuve Djobong s'est elle-même lancée dans la mise en scène. Elle a ainsi réalisé « Cannibal », écrit par José Phiya, et « La femme du blanchisseur ». « Le théâtre m'a fait énormément voyagé. Le théâtre m'a aussi payé plus que le cinéma, même s'il demande plus d'énergie », compare-t-elle.
Elle déplore, de fait, la situation précaire des acteurs au Cameroun : « En l'absence d'un salaire minimum, ils sont mal payés. Or, je ne peux pas vivre sans ce métier, c'est la seule chose que je sache faire », dit celle qui a abandonné ses études après le probatoire en 1996, pour répondre à l'appel du cinéma. A l'époque, la jeune Deneuve Djobong rêve de ressembler à Julia Roberts. « Mon père m'a appelée Deneuve, comme l'actrice française Cathérine Deneuve, qu'il aimait beaucoup. Enceinte de moi, ma mère a ressenti les premières contractions alors qu'elle regardait un film au cinéma Le Febé, à Mokolo », raconte-t-elle. Des signes qui confortent sa conviction, aujourd'hui encore, que son destin se trouve dans le cinéma.
Mais Deneuve, qui attend un rôle au cinéma depuis 5 ans, ne veut plus attendre. Prenant les devants, elle prépare un projet qu'elle a baptisé « N'a rien ». Il s'agit de réunir les professionnels du cinéma (scénariste, réalisateur, acteurs, cameramen, producteur, cameraman, monteur...) qui acceptent de travailler gratuitement à la réalisation de films à petit budget, en se cotisant, si nécessaire. Le premier film qui sortira de cette association deviendra un capital à vendre, pour pouvoir faire d'autres films dans le même calibre, sans que les professionnels réunis déboursent encore de l'argent. « Si on travaille dur, on va réussir », affirme Deneuve Djobong, avec un étonnant optimisme.
Stéphanie Dongmo


jeudi 21 juillet 2011

Majoie Ayi au cinéma

La chanteuse de bikutsi tient le 1er rôle dans le film « First cry » de Joyce Naah, qui sortira en août prochain.

« First cry », c'est le titre du film par lequel Majoie Ayi fait son entrée dans le 7ème art. La chanteuse de bikutsi tient en effet le premier rôle dans ce premier long métrage fiction de Joyce Naah Njei, aux côtés de Narcisse Mbarga, que l'on retrouve également au montage. L'avant-première du film est annoncée pour le mois d'août prochain. Joyce Naah rechigne à dévoiler l'intrigue de « First cry ». Son teasing est tout aussi chiche en informations. Tout juste laisse-t-il entrevoir qu'il est question de conflits entre un mari et sa femme, au centre duquel se trouve une belle-mère. Le tout est baigné par les larmes de Tatiana Matip que l'on avait déjà vu dans « Confidences » de Cyrille Masso.
Pourquoi avoir choisi Majoie Ayi dans le rôle principal ? Joyce Naah explique : « On manque de starmania au Cameroun. On a des acteurs, mais on n'a pas de visage à vendre. Il faudrait qu'on commence à mettre nos acteurs en avant pour vendre nos films. Or, Majoie Ayi est une grande cinéphile et elle joue bien. En plus, elle a été géniale sur le plateau. Elle n'avait pas de caprices de star et m'aidait même à satisfaire les caprices des autres. Sa notoriété va aider à valoriser les autres acteurs ». Ces autres acteurs sont, entre autres, Marthe Ewane, Michèle Ntede, Dobelle et Joyce Naah elle-même.
Produit par la jeune maison Pidginland, « First cry » a été tourné en français en avril 2011. Il est le second projet cinématographique de Joyce Naah, après « Rape » (viol) en 2010. « Cela me fait énormément plaisir de signer ce film parce que, selon toute apparence, pour être reconnu comme cinéaste, il faut faire un long métrage ». C'est en 1996 que Joyce Naah, 33 ans, alors chanteuse dans une chorale, rejoint la troupe de théâtre Zoomers de Zigoto Tchaya Tchameni. Elle joue plus tard dans les sitcoms « Just for fun » et « Cité campus » réalisés par Vincent Ndoumbé. « C'est en le regardant travailler que j'ai voulu devenir réalisatrice. C'est un réalisateur de talent, on l'appelait ''le père créateur''. Je salue aussi Eulalie Claire Nyomb qui m'a soutenue pour ce film », dit-elle.
Stéphanie Dongmo


Légende Photo: Une scène du film avec Majoie Ayi et Dobelle

lundi 18 juillet 2011

Irene Bark : «La culture, pilier de la politique étrangère de l'Allemagne»


La directrice de l'Institut Goethe à Yaoundé dresse le bilan des 50 ans du Centre culturel allemand au Cameroun et parle des projets d'avenir.


Cette année, l'Institut Goethe commémore le cinquantenaire de sa présence au Cameroun. Quelles sont les principales articulations de cette célébration ?
Nous célébrons la 50ème année de notre présence au Cameroun. C'est l'occasion pour nous de faire le bilan de notre action et de regarder vers l'avenir. On va évaluer ce qu'on a déjà fait et définir notre projet pour l'avenir.
Cette célébration est placée sous le signe d'une réflexion sur 50 ans de dialogue culturel symbolisés par un pont, notamment le pont sur la Sanaga à Edéa. Pourquoi?
Nous sommes en train de réaliser un projet d'installation d'art sur ce pont avec la Communauté urbaine d'Edéa, le centre d'art contemporain Doual'art et l'ambassade d'Allemagne, en collaboration avec le ministère de la Culture et le ministère des Travaux publics. Le pont en tant que tel implique une valeur symbolique, c'est-à-dire le dialogue culturel et l'idée d'un transfert entre les lieux de rencontre, entre l'histoire et l'avenir. Le pont sur la Sanaga est un pont colonial qui a été construit par les Allemands. En ce sens, il symbolise l'histoire commune entre le Cameroun et l'Allemagne.
Le plasticien camerounais mondialement connu, Pascale Marthine Tayou, a accepté de travailler dans le cadre de ce projet pour réaliser une installation artistique sur le vieux pont d'Edéa. Ce projet est une opportunité pour réfléchir sur ces symboles de manière artistique. Car, l'œuvre d'art suscite des questions et ouvre la voie à beaucoup de réflexions : par exemple, quelle relation la population camerounaise entretient-elle avec son propre héritage culturel ? Quelle relation les Camerounais et les Allemands d'ici entretiennent avec ce pont en tant que héritage culturel ou symbole historique?... L'art est destiné à rendre visible, de manière critique, toute la complexité de ce symbole qui représente aussi un dialogue entre les nouvelles générations et l'histoire. En reconstruisant, d’une façon qui réconcilie et critique en même temps la mémoire et la perception de soi d’une société, l’art montre sa responsabilité et son rôle vital dans une société
Où en êtes-vous avec cette installation ?
Nous sommes en train de demander l'approbation du gouvernement. Nous planifions l'ouverture de ce pont culturel le 11 novembre 2011 à Edéa. Mais cette installation qui se réalise en collaboration avec le plasticien Emile Youmbi n'est pas la seule activité que nous allons organiser. Autour, nous voulons aussi organiser deux projets dénommés « Projets satellites ». Il y aura une mise en scène d'une pièce de théâtre dirigée par Martin Ambara, avec Em'Kal, André Takou Sa'a, Yves Eya'a et Eric Delphin Kwegoue. L'idée est de réaliser une activité inter disciplinaire en collaboration avec les populations d'Edéa et de Douala. Le but étant d'impliquer la population à la compréhension de ce projet pour soutenir le développement des infrastructures et de la culture dans la ville. Le deuxième projet est une sculpture avec l'alphabet bamoun. Elle sera réalisée par Salifou Lindou et Hako Hankson. Tout cela sous la direction artistique de Pascale Marthine Tayou.
Quelle est l'histoire de l'Institut Goethe au Cameroun ?
Elle a commencé en 1961 avec l'arrivée du Dr Felix Théodor Schnitzler qui, venant de Douala, a ouvert un Institut Goethe à Yaoundé. Au départ, le travail du Centre culturel allemand se limitait aux cours de langue. Dans les années 60, des programmes culturels ont été développés en collaboration avec des partenaires camerounais dans les domaines musique classique et traditionnelle au départ. Puis, dans les années 80, le Goethe a commencé à offrir des concerts de jazz européen et camerounais en collaboration avec des artistes locaux. Avec le temps, notre stratégie a évolué sur la coopération culturelle, l'échange professionnelle et le transfert d'informations. A l'époque, l’accent a été mis plus t
Depuis décembre 2010, vous menez un projet de création d'une plate-forme cinématographique pour la diffusion du cinéma africain. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Le concept c'est l'établissement d'un grand marché du film et la création d'une base de données commune. Il s'est développé en dialogue avec plusieurs plates-formes africaines et européennes. Nous voulons lancer la première mouture de ce site au cours du festival international du film de Durban, du 22 au 25 juillet prochains, avec les experts qui sont les plus actifs. Nous avons invité M. Waa Musi, le président de l'association Cameroon films industry, à réfléchir sur le statut légal de ce projet qui a besoin que les auteurs et les structures s'engagent. Car, ce réseau de distribution en ligne dépendra de tous les acteurs. Notre mission dans ce projet est de renforcer les infrastructures et les acteurs dans le cinéma africain, en tant que médiateur.
L'Institut Goethe soutient beaucoup de projets culturels au Cameroun. Quel regard portez-vous sur la scène culturelle ici ?
Elle est énormément riche, mais il n’y a pas encore une propre industrie créative camerounaise indépendante, par exemple, dans des domaines film, du théâtre, de la danse et des arts plastiques. C'est dire que très peu d'artistes camerounais peuvent vivre de leurs créations. Les gens n'ont pas l'habitude de « payer » pour un spectacle, le travail culturel n'est pas assez valorisé pour qu'un artiste puisse vivre de son art. Nous – le Goethe-Institut - sommes dans un dilemme. Notre objectif est, entres autres, de contribuer, en collaboration avec nos partenaires camerounais, à la valorisation les artistes camerounais dans leurs propres structures en renforçant les infrastructures locales. Mais nous sommes amenés à les accueillir ici. Il existe un malentendu. Beaucoup pensent que nous sommes un sponsor. Or, nous ne subventionnons pas. Nous développons avec nos partenaires des concepts communs d'échanges dans le sens d’un dialogue entre des indépendants. Dans ce sens, nous travaillons par exemple avec les festivals locaux ou les centres culturels comme le Centre culturel Francis Bebey et l'espace Othni.
Vous dites que les gens rechignent à « payer » pour les spectacles. Or, l'Institut Goethe est le seul centre culturel où tous les spectacles sont gratuits...
Oui, parce que nous sommes une organisation non commerciale. Nous offrons une plateforme d’échange avec des rencontres, des ateliers, des présentations. Notre but n’est pas commercial. Mais nous voulons soutenir l'établissement des infrastructures indépendantes, rentables. Par conséquent, nous ne gagnons pas d'argent sur les prestations artistiques. Mais les artistes qui viennent chez nous dans le cadre du Goethe café reçoivent des honoraires, même si ce n'est pas beaucoup. Cependant, nous sommes en train de voir ce qu'on peut faire pour rendre l'art « payant », indépendant et rentable.
Après 50 ans, quel est le bilan de l'Institut Goethe au Cameroun ?
Beaucoup de sujets, beaucoup de défis et une richesse énorme dans la collaboration. Cela ouvre des perspectives très intéressantes. Nous aurions voulu agir dans plusieurs secteurs, mais nous ne pouvons. Le nombre de personnes qui apprennent l'allemand est impressionnant. Le Goethe ici est l'un des centres qui ouvrent le plus grand nombre de cours de langue. Mais cela s'explique. Il y a 6000 étudiants camerounais en Allemagne ; la diaspora camerounaise en Allemagne est la diaspora africaine la plus grande avec 20 000 personnes. L'intérêt des Camerounais à apprendre la langue allemande s'explique aussi par l'histoire commune. Il est enfin pragmatique, car l'Allemagne est très appréciée par les étudiants avec des métiers comme la technologie, les nouvelles énergies. Chaque année, il y a environ 2000 élèves qui passent des examens ici au Goethe. Au total, il y a 200 000 apprenants de la langue et 1500 enseignants d'allemand au Cameroun, dans le public et le privé. Les anciens étudiants camerounais en Allemagne sont nos partenaires, c'est un groupe important pour la collaboration entre les structures camerounaises et allemandes. Nous entretenons aussi une bonne collaboration avec les ministères en charge de l'éducation.
Quelles sont les missions du Goethe Institut au Cameroun ?
Nos missions sont axées sur trois points : la promotion de la langue allemande, le transfert d'information et bibliothèque et la coopération culturelle et la promotion et les échanges entre les cultures et les acteurs. Nous travaillons sur la base du traité culturel germano-camerounais qui a été signé en 1988, et dans le cadre d’une stratégie régionale qui est basée sur une convention des objectifs entre le Goethe-Institut et le ministère des Affaires étrangères en Allemagne.
Quels sont ces objectifs?
L'action des Instituts Goethe est coordonnée dans le sens de trouver l'universel dans la diversité. Notre travail est basé sur notre mission commune, mais chaque pays peut mettre l'accent sur des thèmes particuliers. Toutefois, envisagent les développements actuelles globales il y a des sujets clés nouveaux, définis dans notre stratégie : migrations, climat et culture, crises et conflits, culture dans l'espace public.
Quel est l'état de la coopération culturelle entre le Cameroun et l'Allemagne ?
On parle de la culture comme un pilier de la politique étrangère. Le Goethe est le représentant officiel de la culture allemande au Cameroun. Nous travaillons en étroite collaboration avec l'ambassade d'Allemagne au Cameroun. Le Goethe est une association indépendante, même si plus de 80% de notre financement vient du ministère allemand des Affaires étrangères. Ici au Cameroun, les cours de langue couvrent une partie de notre budget. Mais, il est difficile de séparer la culture de la politique. Culture et politique sont liées.
Quels sont les rapports du Goethe Institut avec le gouvernement camerounais ?
Très positifs. On travaille avec des instituts privés et publics. Le fait que le ministre de la Culture nous a rendu visite le 7 juillet, à l'occasion de notre journée portes ouvertes, montre la sympathie du gouvernement pour nous.
Quelles sont les perspectives de l'Institut Goethe au Cameroun ?
Actuellement, nous travaillons dans des secteurs sélectionnés : le film, le journalisme culturel, la danse, les arts plastiques, la culture dans l'espace public. Nous allons réfléchir avec nos partenaires pour voir comment nous développer. Mais en gardant une position, dans le sens de ce que la culture allemande pourrait apporter dans ce dialogue.
Propos recueillis par Stéphanie Dongmo

lundi 11 juillet 2011

Littérature : Hommage à Ambroise Kom


Les enseignants Pierre Fandio et Hervé Tchumkam lui ont dédié un ouvrage collectif, «Exils et migrations postcoloniales» (2011, Ifrikiya), qui a été dédicacé le 8 juillet dernier à la librairie des Peuples noirs à Yaoundé.

D'anciens étudiants d'Ambroise Kom lui ont rendu hommage dans un essai qui vient de paraître aux éditions Ifrikiya, avec le concours du Groupe de recherche sur l'imaginaire de l'Afrique et de la diaspora. « Exils et migrations postcoloniales. De l'urgence du départ à la nécessité du retour » est dirigé par Pierre Fandio, enseignant à l'université de Buéa, et Hervé Tchumkam, enseignant aux Etats-Unis. Avec la préface de Fabien Eboussi Boulaga et la postface de Bernard Mouralis. L'ouvrage a été dédicacé vendredi 8 juillet à la librairie des Peuples noirs à Yaoundé.

Pierre Fandio explique : «Nous avons voulu honorer la carrière de l'un des nôtres en nous intéressant à son travail sur l'exil. Nous avons retenu sa passion pour le métier et sa ferme croyance en des lendemains qui chantent ». Dans sa note de lecture, André Djiffack, enseignant de littérature, a affirmé que le sous-titre de cet ouvrage résume le parcours d'Ambroise Kom qui vit entre le Cameroun et les États-Unis, et se situe, par conséquent, entre l'ici et l'ailleurs. Présent à cette dédicace, Ambroise Kom a remercié les auteurs de cette attention. « Je reçois cette présentation, non pas comme un hommage à Kom, mais comme la célébration d'une carrière. Je remets cet hommage à ceux qui ont rendu cette carrière possible : le regretté Thomas Méloné et André Ntsobe», a-t-il précisé.

Fils de paysan, Ambroise Kom a obtenu son baccalauréat philosophique en 1967 au lycée de Nkongsamba où il a pour camarade de classe Justin Ndioro et Siegfried Etame Massoma. Le préfacier écrit qu'il est entré en littérature sous la contrainte et sans aucune vocation, « réquisitionné par un proviseur colonial soucieux d'équilibrer les effectifs » des différentes séries. Ambroise Kom qui rêvait de devenir ingénieur va finir par enseigner les littératures africaine, américaine, française et caribéenne au Cameroun, au Maroc, en Afrique du Sud, en France, en Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, l'enseignant s'intéresse aux institutions postcoloniales en Afrique.

Ambroise Kom a l'art de surprendre. On le croit littéraire, i Il répond : « Je ne me suis jamais considéré comme un expert en littérature. Je fais très peu de littérature, elle m'a aidé à vivre ». On le dit en exil, il réagit : «Je n'ai jamais vécu en exil. J'ai vécu en diaspora sans être de la diaspora. Je suis allé à l'étranger pour faire des études, j'y ai travaillé». On lui attribue l'urgence du départ et la nécessite du retour, il rétorque que cette approche n'est pas du tout la sienne.

André Ntonfo, son collègue et ami depuis 45 ans, témoigne : « Kom est un maître à la descendance nombreuse mais sans disciple. Il a suscité beaucoup de vocations d'enseignants-chercheurs. C'est quelqu'un qui est toujours prêt à tirer ses collègues quand il en a les moyens. Même en amitié, il fait montre d'une générosité ostentatoire ». Ambroise Kom est l'auteur d'une abondante littérature. Co-fondateur de l'Université des Montagnes à Bagangté, il a dirigé la revue littéraire Présence francophone.

Stéphanie Dongmo

Silence radio à la Crtv

Les auditeurs de la Crtv radio ont été privés d'une partie de leurs programmes habituels samedi 9 juillet dernier. Vers 16h, les programmes du Poste national, de Crtv Centre et de la Fm 94 ont brusquement été interrompus. Et c'est aux environs de 21h10 que ces chaînes ont recommencé à émettre. A la reprise, le directeur général de la Crtv, Amadou Vamouké, a expliqué que ce silence radio était dû à un incident électrique et a présenté les excuses de l'office aux auditeurs.

Boniface Takou, le directeur de la Diffusion, des Transmissions et des Infrastructures et autres équipements techniques, lui, a expliqué que pendant la forte pluie qui s'est abattue sur la ville de Yaoundé aux alentours de 14h30, il y a eu une coupure d'électricité. Et, manque de chance, la foudre a grillé la carte d'automaticité du groupe électrogène de la Crtv. Ce qui fait que l'onduleur a été mis à contribution jusqu'à l'épuisement de sa batterie, vers 16h. Pour Amadou Vamoulké, le problème est définitivement réglé. Et d'ajouter : «La radio est essentielle dans le dispositif de communication du gouvernement, et des dispositions seront mises en place pour une meilleure radio ».

Dédicace : Joseph Antoine Bell à Yaoundé


Après Douala, « Vu de ma cage », son livre autobiographique paru aux éditions du Schabel, a été présenté le 8 juillet à Yaoundé.

Dédicace très courue que celle de l'ouvrage autobiographique de Joseph Antoine Bell, vendredi 8 juillet dernier, à l'hôtel Hilton de Yaoundé. La salle Bouma avait été décorée aux couleurs des Brasseries du Cameroun, en grande partie, et un peu d'Orange Cameroun, partenaires de l'évènement. Sur le podium, un but avait été installé, pour symboliser la carrière de la star du jour, ancien gardien de buts de renommée internationale. Celui-ci va d'ailleurs soumettre deux de ses invités à un exercice amusant. Tout à tour, il invite Catherine Bakang Mbock, la ministre des Affaires sociales, et le général Baba Souley, à tirer dans le but. Ce qu'ils vont faire avec plus ou moins de bonheur.

Bell n'est pas seulement footballeur. Il est aussi... guitariste. Il a offert au public de découvrir cet autre talent lorsqu'il s'est installé au milieu des musiciens des l'orchestre des Brasseries du Cameroun pour interpréter un morceau, accompagné par l'impresario du jour, Evelyne Owona Essomba. Ce qui a contribué à détendre l'atmosphère.

Mais, immanquablement, est arrivé le temps des choses sérieuses. Le directeur général des éditions du Schabel, Haman Mana, a dit combien il a été agréable de travailler avec Joseph Antoine Bell, le jeune auteur de 57 ans. Pour Gaston Kelman, le préfacier du livre, « c'est un homme qu'on n'a pas pu et qu'on ne mettra jamais en cage ». L'écrivain établi en France a terminé son propos en dédiant un poème à Bell : « Lion jamais dompté, quitte ta cage et rugis», a-t-il déclamé.

L'ancien Lion Indomptable a raconté le long chemin qu'il a parcouru pour arriver à la naissance de « Vu de ma cage » : ses hésitations, ses exigences, la pression discrète mais efficace de son entourage, la rencontre heureuse avec Haman Mana qui a fini par transformer l'éternel projet en réalisation. Joseph Antoine Bell y décrit le football tel qu'il l'a vécu de la ligne de ses buts. Au-delà, il raconte la vie, tout simplement, dans ce qu'elle a de plus beau et de plus hideux. « De ma cage, j'ai vu le ballon, mais j'ai surtout vu les hommes avec leur cupidité, leur égoïsme, leur tribalisme. J'ai aussi vu la joie et l'amour », affirme l'auteur.

Après Douala et Yaoundé, la troisième étape du périple de « Vu de ma cage » (15 000Fcfa) est la France. Le livre sera dédicacé mardi au Cnit de la Défense à Paris, en marge des Étoiles d'Afrique et de la diaspora.

Stéphanie Dongmo


Réactions

«J'ai hâte de lire ce livre»

Bassek ba Kobhio, cinéaste

J'encourage beaucoup les ouvrages autobiographiques. Cela marque une réflexion sur une tranche de la vie. C'est très riche, je suis content d'avoir assisté à cette dédicace. Ce livre ne parle pas de polémique, mais de la vie en général. J'ai hâte de le lire.

« C'est un grand livre »

Antoine de Padoue Essomba Eyenga, vice-président Fécafoot

« Vu de ma cage », c'est un grand livre. Une expérience comme celle de Joseph Antoine Bell se devait d'être communiquée. On est là parce qu'on a voulu rendre hommage à l'un des nôtres.

« Un livre de chevet »

Bruno Gain, ambassadeur de France

Ce livre est plein de proverbes que j'adore. Ça m'a l'air d'être un véritable livre de chevet plutôt qu'un livre de footballeur qu'on feuillette et qu'on oublie. Je suis un fan de foot. J'ai découvert que derrière Joseph Antoine Bell, un sportif de haut niveau, il y a un écrivain. C'est rafraîchissant.

«Bell, plus qu'un footballeur»

Jackson Njike, directeur général Canal+

Joseph Antoine Bell est plus qu'un footballeur, c'est un intellectuel. Tout ce qu'il peut nous dire à travers cet ouvrage peut nous amener à une meilleure connaissance de la société en général. C'est très constructif.


dimanche 10 juillet 2011

Mgr Joseph Befe Ateba, nouveau président du Conseil national de la communication


L'évêque de Kribi a été nommé vendredi 8 juillet dernier par le président de la République.

Mgr Joseph Befe Ateba, évêque de Kribi, a été nommé vendredi à la tête du Conseil national de la communication par le président de la République. Près d'un an après le décès de l'ancien président, Félix Sabal Lecco, en octobre 2010.

Joseph Befe Ateba est né le 25 Avril 1962 à Nkoabe dans l’arrondissement de Ngomdzap, département du Nyong et So’o, région du Centre.

Le 19 Juin 2008, le pape Benoît XVI fait de lui le premier évêque de Kribi.

Droits d'auteur: Désaccords entre Ama Tutu Muna et Odile Ngaska



Le ministre de la Culture dénonce un accord Socam-Synedeboc qui affecte 25% des recettes versées par les Brasseries du Cameroun sur les ristournes des bars au Syndicat national des exploitants des débits de boissons.

Lundi, 4 juillet dernier, les responsables des quatre sociétés de gestion collectives de droits d'auteur et droits voisins (Sociladra, Socam, Scaap, Socadap) ont tenu une réunion de travail avec la présidente de la Commission permanente de médiation et de contrôle (Cpmc) au siège de cet organisme à Yaoundé. A l'ordre du jour, le partage des droits collectés auprès des usagers. Dans la cagnotte, 264 millions de Fcfa perçus ainsi qu'il suit : 50 millions Fcfa à la Crtv, 44 millions Fcfa auprès des autres usagers et 175 millions Fcfa aux Brasseries du Cameroun. Cette dernière somme comprend 155 millions Fcfa payés au titre des retenues opérées sur les ristournes des vendeurs détaillants des produits brassicoles. 25% de cet argent devrait revenir au Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc) à titre de rétribution sur les frais de recouvrement, selon les termes d'un accord signé en mai 2009 entre la Socam, mandataire des trois autres sociétés sœurs, la Cpmc et le Synedeboc. Mais cet arrangement n'a pas été respecté suite à une dénonciation du ministre de la Culture.

Spoliation des artistes

En effet, le 28 juin 2011, Ama Tutu Muna, la ministre de la Culture (Mincult), a adressé une lettre à Odile Ngaska, la présidente du conseil d'administration de la Socam, avec en objet : « Dénonciation de la prétendue convention entre la Socam et le Synedeboc ». Le ton de la correspondance est dur : « Il m'est revenu que vous vous êtes, au travers d'une prétendue convention, engagée à verser à un certain syndicat dénommé Synedeboc, 25% des redevances dues au titre du droit d'auteur à percevoir auprès des Brasseries du Cameroun ». Et d'ajouter que « si cette information s'avère vérifiée, ladite convention, en plus de ce qu'elle n'a pas été portée à ma connaissance, est en violation flagrante des dispositions légales et réglementaires en matière de répartition du droit d'auteur et des droits voisins». La ministre conclut en demandant à la Socam «de bien vouloir utiliser, dans les meilleurs délais, les voies appropriées pour mettre fin à cet engagement qui est réputé nul et de nul effet pour le ministère de la Culture, en raison de ce qu'il contribue à la spoliation des droits des artistes».

Pourtant, l'accord ainsi dénoncé porte la signature de trois parties : Adolphe Minkoa She, le président de la Cpmc de l'époque, Odile Ngaska, la présidente de la Socam, et Roger Tapa, le président du Synedeboc. Ceux-ci avaient donné une conférence de presse le 18 juin 2009 à l'hôtel Djeuga à Yaoundé pour rendre public cet accord, en présence de Mme Ashiri Kilo, conseiller technique N°,1 représentant le Mincult. Au sortir de cette rencontre, celle-ci avait d'ailleurs déclaré à Cameroon Tribune : «Nous avons enfin trouvé la paix, nous espérons que cela va durer».

Avant cela, le 26 mai 2009, une lettre d'information signée du Mincult, du président de la Cpmc, du Pca de la Socam et du président du Synedeboc informait les exploitants des débits de boisson de l'aboutissement des négociations entre ces parties. Grâce à quoi, «la redevance due au titre de droit d'auteur et de droits voisins est payée semestriellement ou annuellement, par avance, par les sociétés brassicoles sur les ristournes de leurs clients». La correspondance invite, de ce fait, les gérants de débits de boissons à signer une autorisation de retenue qui permettra aux Brasseries du Cameroun de prélever cette redevance. Le rôle du Synedeboc étant de «recueillir des autorisations écrites auprès de ses adhérents». En retour, il «percevra 25% du montant recouvré à titre de rétribution des frais sur recouvrement», dit l'accord. Mais le syndicat a été exclu du partage pour la seconde fois, après la répartition de novembre 2010.

«25%, c'est énorme »

Le problème semble se poser au niveau de la rémunération du Synedeboc. «A l'époque, le chien était affamé, maintenant, il faut revoir les choses», dit Théodore Ondigui, le Pca de la Socadap. «25%, c'est énorme. Mais il fallait bien commencer quelque part. Il faut déjà respecter les termes de notre accord et envisager, par la suite, une nouvelle négociation avec le Synedeboc, pour ne pas perdre notre crédibilité», affirme une source à la Scaap. Approchée, Paulette Mvomo Ella, la présidente de la Cpmc, n'a pas souhaité s'exprimer sur la question. En l'absence du Pca, le directeur général de la Socam, Aron Kabelok, s'est montré réservé: «On n'a pas encore répondu au ministre de la Culture, il serait donc difficile de dire quoi que ce soit». Il ajoute cependant que si l'accord est rompu, les sociétés devront revenir à l'ancien système de perception sur le terrain.

Sauf que, depuis le 8 septembre 2010, une circulaire du Mincult a mis fin aux perceptions directes des redevances au titre du droit d'auteur et des droits voisins auprès des usagers.

Historique et avantages

Les négociations pour aboutir à cet accord ont duré quatre ans. Elles sont parties d'un constat amer : les gérants de débits de boissons étaient de plus en plus réticents à payer des droits d'auteur qu'ils ne comprenaient pas toujours, faute de sensibilisation. De plus, ils se plaignaient des abus et du harcèlement des percepteurs de la Cameroon music corporation (Cmc), société gérant le domaine musical à ce moment-là. Partant du fait qu'il est plus facile pour un gérant de bar de signer une autorisation de retenue que de décaisser des sous, il a fallu trouver un accord. En sa qualité de facilitateur, le Synedeboc avait exigé que soient couverts les frais qu'il devait engager pour la mobilisation de ses adhérents. D'où les 25% décidés par la Cpmc.

D'après les responsables des sociétés de gestion collective, ce système a beaucoup apporté à la collecte du droit d'auteur. Aron Kabelok, le Dg de la Socam, explique qu'il a permis de réduire les coûts en éliminant presque les équipes de perception envoyées sur le terrain, de même qu'il a apporté une augmentation substantielle des sommes perçues. Laurain Assipolo, administrateur de la Socadap, ajoute que cet accord a permis aux autres sociétés qui gèrent la littérature et les arts dramatiques, les arts plastiques et graphiques et les arts photographiques et audiovisuels d'entrer dans répartition, en ce qui concerne les droits d'auteur collectés auprès des détaillants des produits brassicoles. Ce qui n'était pas le cas avant.

Stéphanie Dongmo


Répartition du 4 juillet 2011

Sociladra : 49 161 363 Fcfa

Socam : 98 557 813 Fcfa

Scaam : 61 082 623 Fcfa

Socadap : 31 961 089 Fcfa


Votre avis : Que pensez-vous de la menace qui pèse sur l'accord entre la Socam et le Synedeboc ?

«Privilégier le dialogue», Esso Essomba, musicien

Il n’est pas interdit de continuer les négociations pour trouver un compromis sur ce qui n’a pas marché dans ce contrat. Il faut ici privilégier les charges supportées par chacune des parties. Il y a, d’un côté, la Socam, qui doit reverser des droits aux artistes, mais il y a aussi de l’autre côté, le Syndicat des exploitants des débits de boissons, qui a un apport non négligeable. Le travail de ce syndicat aide la société des droits d’auteur à augmenter ses recettes. Moi, je crois qu’il faut choisir la voie du dialogue. Chaque partie joue un rôle important dans le processus.

«C'est normal», Tsimi Toro, musicien

Je crois qu’il est normal que le contrat entre la Socam et le Synedeboc soit rompu, car le pourcentage que prélève ce syndicat est énorme. Ce travail doit incomber aux artistes eux-mêmes. J’ai rencontré une autorité qui a posé la question de savoir pourquoi les artistes ne peuvent pas prendre leur destin en main. Il est temps que les gens ne fassent plus les choses à notre place. Nous sommes prêts à descendre sur le terrain pour répertorier les bars et les débits de boissons. Aujourd’hui, les artistes sont plus nombreux que les membres de ce syndicat. Il faut laisser les artistes faire leurs choses.

«Proposer autre chose», Verlain Didoré Kueté, réalisateur

Si le ministre de la Culture demande la rupture de cet accord sans rien proposer en échange, cela suppose que les Brasseries du Cameroun ne vont plus rien payer au titre des retenues sur les ristournes des débits de boissons. Du coup, nous nous retrouverons sans un radis de l'exploitation de nos œuvres dans les bars. Or, nos films sont diffusés à la télé, et presque tous les bars possèdent un téléviseur. Nous avons besoin de cet argent pour vivre. Le président de la République doit prendre les mesures qu'il faut afin de permettre aux artistes de vivre de leur art. La situation a assez duré, elle ne nous encourage pas à produire.

«C'est de la mauvaise foi», Ousmanou, photographe

En tant que syndicaliste [il est le secrétaire général du Syndicat national des photographes indépendants du Cameroun], je crois que c'est de la mauvaise foi. On ne peut pas prétendre ne pas connaître un accord qui a été signé en présence d'un représentant du ministère de la Culture et par la Cpmc. Cette convention devrait s'appliquer, même si elle doit être renégociée. Avant, nous les photographes ne percevions pas les droits d'auteur venant des Brasseries. Maintenant, c'est différent. C'est pourquoi cette convention a lieu d'être.


Jean-Marie Nzekoue : «L'Afrique a des potentialités pour remporter la Coupe du monde»


Auteur de « L'aventure mondiale du football africain » et éditorialiste à Cameroon Tribune, il propose des solutions pour rendre les équipes du continent plus performantes.


Vous venez de publier chez L'Harmattan un livre qui retrace l'aventure mondiale du football africain de 1970 à nos jours. A votre avis, depuis cette période, le football africain a-t-il progressé ou régressé ?

Si on regarde le parcours du football africain depuis ces 40 dernières années, on se rend compte qu'il a fait une progression. Depuis 1970 avec le Maroc, le nombre de pays africains participant à la Coupe du Monde est passé à deux en 1982, à 5 en 2006 et à 6 en 2010. Après le Cameroun, deux autres pays du continent ont atteint les ¼ de finale. C'est une évolution, même si elle peut cacher de cuisantes défaites.

Aucune équipe africaine n'a encore atteint une demi-finale de Coupe du Monde. Est-il permis d'espérer?

Il n'est pas dans notre intérêt de verser dans l'autosatisfaction car l'ambition de chaque équipe, c'est d'aller jusqu'au bout. Les ¼ de finale sont une performance extraordinaire pour les équipes africaines, compte tenu du niveau d'où elles sont parties. Mais, l'Afrique a des potentialités pour remporter un jour cette compétition. Le capital humain est là, mais le chemin est encore long. Actuellement, des chercheurs font le parallèle entre le football et le développement économique d'un pays. Il faut que l'environnement qui entoure ces équipes, aussi bien économique que socioculturel, soit à même de les porter à la victoire.

Qu'est-ce qui, à votre avis, bloque l'évolution du football africain ?

Il y a des problèmes d'organisation qui intègrent l'établissement d'un chronogramme étalé dans le temps et l'absence d'une bonne préparation. Un pays ne peut pas prétendre gagner la Coupe du Monde quand il ne peut même pas boucher les nids-de-poule sur ses routes et surmonter ses problèmes d'intendance. Les pays pauvres sont loin de la victoire. Il y a aussi des obstacles psychologiques. On est toujours convaincu qu'on ne peut pas aller loin. L'Afrique a besoin de surmonter cet handicap qui lui fait se contenter de peu. Cela dit, en sport, on ne peut jurer de rien.

Le reproche qu'on pourrait faire à votre livre, c'est de s'être contenté d'une compilation de faits historiques plus ou moins connus, en passant sous silence la crise que traverse le football camerounais...

Mon ouvrage vise une perspective plus large. Je n'ai pas voulu m'attarder sur un pays en particulier et je salue, au passage, les livres que des confrères ont écrits sur les problèmes du football camerounais.

Qu'apportez-vous de nouveau ?

Un livre n'est pas toujours fait pour apporter de grandes révélations. Le simple rappel historique a sa place et la mémoire collective est une valeur qu'il faut cultiver en permanence, surtout en Afrique où on a tendance à oublier. J'ai émis un certain nombre de solutions qui pourront aider les gestionnaires du football africain à combler ses lacunes. Car, le football africain est promu à un bel avenir, à condition que les gens qui le gèrent en Afrique et au Cameroun s'intéressent à son épanouissement et non plus à leurs intérêts égoïstes.

Stéphanie Dongmo


Jean-Marie Nzekoue

L’aventure mondiale du football africain, rencontres historiques et victoires mémorables

L'Harmattan, 2011, 193 pages

Étoiles d'Afrique lundi à Paris


Au programme de l'évènement du 11 au 13 juillet au Cnit de la Défense, la dédicace du livre autobiographique «Vu de ma cage» de Joseph Antoine Bell.

La 1ère édition des Étoiles d'Afrique et de la diaspora se tient à Paris en France du 11 au 13 juillet prochains. Les temps forts de ces trois jours sont la présentation du concept par son promoteur, Ferdinand Nana Payong, le message du footballeur Samuel Eto'o qui s'est associé à l'évènement, la dédicace de l'ouvrage autobiographique « Vu de ma cage » de Joseph Antoine Bell, paru aux éditions du Schabel à Yaoundé, mais aussi un récital donné par Charlotte Dipanda.

Chaque jour, de lundi à mercredi, il est prévu des expositions et des conférences-débats. Les thèmes portent sur la responsabilité des médias, les regards sur l'afro-pessimisme et l'afro-optimisme, le ré-investissement de la diaspora en Afrique, la lutte contre la corruption, le rôle des sportifs africains de haut niveau dans le développement du continent. Les Étoiles d'Afrique vont se terminer par un gala. Au cours de cette soirée, dix grandes figures africaines dans tous les domaines, en dehors de la politique, seront récompensées. Des invités de marque africains et français sont invités. Au total, plus de 3000 visiteurs sont attendus à cette rencontre, et près de 150 accréditations ont été délivrés aux journalistes du monde entier.

D'après son régisseur général sur le site www.etoilesdafrique.org, l'objectif des Étoiles d'Afrique est de « communiquer sur l'Afrique des réussites, des valeurs et des intelligences qui pourraient contribuer au développement du continent noir ». C'est aussi une occasion pour les acteurs africains vivant sur le continent ou à l'étranger de prendre la parole dans un des plus grands centres d'affaires européen et de saisir des opportunités d'affaires. Cet événement se veut une fenêtre de l'Afrique qui s'ouvre sur le reste du monde.

Patrice Nganang, le francophone


L'écrivain camerounais est l'un des dix finalistes du Prix des cinq continents de la Francophonie avec son roman «Mont Plaisant».

Les dix finalistes de l'édition 2011 du Prix des cinq continents de la Francophonie sont connus depuis le 4 juillet. Patrice Nganang est le seul écrivain camerounais sélectionné pour «Mont Plaisant» (2011, Philippe Rey). Ce roman historique prend pour prétexte la vie de Sara, l'une des 681 femmes du Sultan Njoya, exilée au Mont Plaisant à Yaoundé, dans les années 1930, par l'occupant français, pour raconter les ravages du colonialisme, la beauté de la civilisation bamoun, la vitalité de son art et la tragédie de son déclin.

Les autres finalistes retenus parmi 92 candidats sont le Congolais Emmanuel Dongala avec «Photo de groupe» ; le Martiniquais «Alfred Alexandre avec «Les villes assassines» ; l'Afghan Atiq Rahimi avec «Maudit soit Dostoïevski» ; la Sénégalaise Fatou Diome avec «Celles qui attendent» ; la Canadienne Jocelyne Saucier avec «Il pleuvait des oiseaux» ; l'Haïtien Marvin Victor avec «Corps mêlés» ; La Canadienne Marie-René Lavoie avec «La petite et le vieux»; l'Algérienne Ilf-Eddine Bencheick avec «La dernière ronde» et la Belge Sandrine Willems pour «L'Extrême».

Ce concours récompense chaque année un roman d'expression française témoignant d'une expérience culturelle spécifique enrichissant la langue française. Le jury, présidé par l'Haïtien Lyonel Trouillot, va désigner le lauréat 2011 en septembre prochain. Il devrait se réunir à Tunis à l'occasion de la Foire internationale du livre, pour procéder à la remise du prix doté d'un montant de 10 000 euros. L'Organisation internationale de la Francophonie s'engage aussi à assurer la promotion du lauréat sur la scène littéraire pendant un an. Seuls les éditeurs peuvent y postuler.

Né en 1970 à Yaoundé, Patrice Nganang qui vit et enseigne aux Etats-Unis a déjà été lauréat du Prix de l'Afrique noire et du Prix Marguerite Yourcenar en 2002. Auteur engagé, il a écrit les romans «Temps de chien», «La joie et vivre» et «La promesse des fleurs». Son dernier ouvrage vient de paraître sous le titre «Contre Biya, procès d'un tyran».

jeudi 7 juillet 2011

Poésie : Amour et captivité

Ce sont les thèmes du recueil inédit de Jean Messomo, détenu à la prison centrale de Yaoundé depuis 14 ans.

Les 13 poèmes inédits de Jean Messomo sont enveloppés d'un voile de tristesse. Le recueil commence par un texte sur la mort, « Adieu », et se termine avec un autre sur le même thème, « Oraison funeste ». En effet, la mort, Dieu, l'emprisonnement et, heureusement, l'amour et l'espoir sont les thèmes développés par cet auteur, révélé le 21 mars 2011 lors de la célébration de la Journée mondiale de la poésie. A cette occasion, Jean Messomo a été distingué du Prix John Shady Francis Eone pour son texte « Triste destin », à la suite d'un concours de poésie lancé à la prison centrale de Yaoundé par l'association La Ronde des poètes.

Mais comment se départir de la tristesse lorsqu'on est incarcéré depuis 14 ans dans une prison surpeuplée et insalubre ? « La prison m'est devenue un pain d'amertume / où moquerie et tracasseries sont coutumes (…) Imagine que l'on fête ses anniversaires / dans cet enfer plein d'adversaires », écrit-il dans « Amour en détresse », le poème qui donne son titre au recueil. Face à cette douleur, Jean Messomo trouve un peu de consolation dans l'amour d'une femme, qui vient le voir le jour de l'audience : « Adorable dame / ton amour est une arme / dans ma vie, tu es un sésame/ à cause de ton sourire, je n'ai plus pleuré », lit-on dans « Femme rurale ».

Sa vie, l'auteur l'a remise entre les mains de Dieu, en qui il place son espérance. La figure divine revient dans tous ses textes, comme une supplique pour le soulager de ses souffrances et le faire entrer au « Pays des merveilles », cet endroit splendide qu'on ne voit qu'en rêve. Bien plus, seul Dieu peut lui apporter la douce liberté dont il rêve. Mais avant, en bon croyant, Jean Messomo se confesse dans le poème « Remords ». « Si j'avais su avant / je n'aurais pas laissé mon boulot / pour courir derrière de vils lots / J'ai franchement tort / devant ce maudit sort». Car, poursuit-il, « mieux vaut être libre dans la misère / que riche dans les cachots de la galère (…) j'ai vraiment besoin d'un pardon ».

Les poèmes de Jean Messomo sont faits de rimes. Nés de l'abondance de son cœur, ils sont très personnels, intimes même, et traduisent, à chaque fois, l'état d'esprit de son auteur. Jean Messomo était gardien de prison lorsqu'il a été emprisonné pour faux en écriture. A la prison de Kondengui, l'auteur écrit et dessine. Ses textes sont d'ailleurs illustrés de dessins qu'il a lui-même réalisés. La gaieté de ces dessins atténue un peu la nostalgie des poèmes. Jean Messomo a trouvé ainsi le moyen de surmonter sa captivité, en attendant sa libération qui devra intervenir en 2014. Actuellement, il cherche un éditeur pour son recueil.

Stéphanie Dongmo


Jean Messomo

Amour en détresse (poésie)

Recueil inédit

mercredi 6 juillet 2011

Agenda du week-end

Institut Goethe de Yaoundé. A l'occasion du cinquantenaire de sa présence au Cameroun, le centre culturel allemand organise une journée portes ouvertes jeudi 7 juillet prochain, de 10h à 18h. Au programme : conférence sur l'histoire du Goethe institut Kamerun ; projection de cours métrages allemands ; présentation de sketches par des élèves du Goethe institut ; cours d'essai d'allemand ; expositions, entre autres.

Dédicace. « Vu de ma cage » de Joseph Antoine Bell sera dédicacé le vendredi 8 juillet 2011 à partir de 18h à l'hôtel Hilton de Yaoundé. « Vu de ma cage » est un ouvrage autobiographique qui vient de paraître aux éditions du Schabel à Yaoundé. Dans un style franc et libre, son auteur de 57 ans y raconte le football, tel qu'il l'a vécu du fond de ses buts.

Arts plastiques. Hako Hansen expose « Ombres et esprits » depuis le 1er juillet dernier à l'espace Doual'art. Ce sont des aquarelles sur papier qui se déclinent en noir et blanc.

Festival. La 13e édition du Festival des arts et du théâtre pour l'enfant africain (Fatea) se tient jeudi prochain à partir de 13h au Ccf de Yaoundé. Au programme : théâtre, danse, musique et défilé de mode.

Opéra. Le baryton lyrique et dramatique Isaac Sapouma sera en concert samedi 9 juillet prochain à 19h30 au Ccf de Yaoundé. Sur scène, il sera accompagné par l'ensemble vocal African golden gate et deux pianistes. Prix d'entrée : 3000 Fcfa et 2000 Fcfa.

Théâtre. Le pièce intitulée « Petit à petit l'oiseau perd son nid » sera représentée vendredi 8 juillet prochain à 19h30 au Ccf de Yaoundé par le Zouria théâtre, sur une mise en scène d'Edouard Elvis Bvouma. Avec Ousmanou Sali, Bertrand Baleguel et David Steven Kagoumé. Prix d'entrée : 2000Fcfa et 1000Fcfa pour les adhérents.

dimanche 3 juillet 2011

Ecrans noirs : Retour sur le chlore de Nkappa


Un film de Franck Sanson part de cette affaire pour poser la question de l'Afrique comme décharge de l'Occident.

L'affaire du chlore de Nkappa n'est pas morte. Le réalisateur français Franck Sanson l'a ressuscitée dans un documentaire sorti en 2010 sous le titre «Nkappa, une affaire africaine». Le film écrit en collaboration avec le Camerounais Eloi Bela Ndzana a été projeté vendredi dernier au Centre culturel français de Yaoundé, à l'occasion de la 15e édition du festival Écrans noirs.

En 2005, des bonbonnes de chlore ont été abandonnées à Nkappa, une localité de la région du Littoral. Après les dénonciations des populations victimes du gaz toxique, les autorités ont fait enlever les sept bouteilles de chlore en 2006 pour aller les jeter en haute mer. Mais pendant les opérations, le produit s'est déversé dans le bateau et les militaires chargés de la sale besogne se sont jetés à l'eau. Un lieutenant qui ne savait pas nager s'est noyé. Finalement, nous apprend le réalisateur, ces fûts de chlore n'ont pas été détruits ; ils seraient enterrés quelque part. Mais où ? Le film ne répond pas à cette question. Tout comme il parle d'un industriel qui en est le responsable, sans se risquer à avancer un nom. Aussi, malgré le temps, «il y a un sentiment d'injustice car personne n'a été inquiété», témoigne le journaliste Denis Nkwebo.

Partant du chlore de Nkappa, Franck Sanson étend son enquête sur tout le continent. «En Afrique, on a plus de 50 000 tonnes de déchets toxiques, ce qui est énorme», révèle le film. Parmi ces produits néfastes, il y a les pesticides périmés qui sont vendus sur nos marchés; il y a les déchets électroniques que constituent les ordinateurs défectueux. Le film pointe du doigt les industriels occidentaux qui considèrent l'Afrique comme une poubelle. La complicité des gouvernements corrompus favorisant ce phénomène. Interviewé dans le documentaire, le Kenyane Wangari Maathaï, Prix Nobel de la paix, regrette que la protection de l'environnement ne soit pas encore une préoccupation réelle en Afrique. «Il faut que les lois environnementales deviennent comme les droits de l'homme», soutient-elle.

Mais à trop embrasser, on finit par mal étreindre, et c'est justement ce qu'a fait Franck Sanson. Du Cameroun, il s'est intéressé à la pollution au Nigeria, au Ghana, au Kenya, en Côte d'Ivoire et en Somalie, le tout en 52 minutes. Conséquence, le documentaire s'est contenté d'effleurer le sujet en s'inscrivant sur des sentiers battus. Mais la sensibilisation n'est jamais de trop tant que le problème perdure.

Stéphanie Dongmo

Cinéma : Dans le chaos de la corruption


«Un pas en avant...», le film du Béninois Sylvestre Amoussou, projeté aux derniers Écrans noirs, dénonce ce fléau.

Pour son jeu décalé et plein d'humour dans «Un pas en avant, les dessous de la corruption», le Béninois Sylvestre Amoussou, réalisateur et acteur principal du film, a été récompensé du prix de la meilleure interprétation aux Écrans noirs 2011. Son jeu d'acteur est ainsi distingué pour la troisième fois dans un festival, après le Fespaco à Ouagadougou et le Festicab à Bujumbura, cette année. Le film sorti en 2010 a été tourné à Porto-Novo, la capitale du Bénin. Son personnage principal, Koffi, est un vendeur de fruits et légumes sans problème qui gère son épicerie avec l'aide de sa femme. Jusqu'au jour où son frère jumeau, Aboubacar, un transporteur, disparaît mystérieusement.

Inquiet, Koffi se lance à sa recherche. Patiemment, obstinément, il va reconstituer l'emploi du temps d'Aboubacar, le jour de sa disparition. Au passage et bien malgré lui, il va découvrir un réseau de détournement de l'aide humanitaire envoyée par la France à ce pays d'Afrique. Les espions sont partout, les corrompus et les corrupteurs aussi. Et ils sont prêts à tout pour étouffer l'affaire. Heureusement, il y a encore quelques personnes de bonne moralité qui vont soutenir Koffi dans sa recherche de la vérité. Les journalistes s'emparent de l'affaire. Mais «les journalistes aboient, la caravane passe». Il faudra l'intervention de la justice pour inquiéter les coupables. Koffi devient une personne ressource qu'on photographie et qu'on interviewe. Il donne son avis sur tout, notamment sur la corruption. «Y en a marre de la corruption». Cette phrase devient son slogan et il appelle tout le monde à faire «un pas en avant» pour combattre le fléau.

Sylvestre Amoussou a fait jouer des acteurs de renom comme Thierry Desroses, Fatou Ndiaye Rokhaya Niang, Dieudonné Kabongo, pour un coût total de la production estimé à 1,350 milliard Fcfa. Le film, qui n'est «ni politique, ni didactique», ne fait pas de grande révélation sur «les dessous de la corruption» annoncés. Il se contente de dénoncer le phénomène, avec, du reste, beaucoup d'humour et de dérision. «Je ne pense pas qu'un film puisse changer le monde. Un film n'est rien d'autre qu'une bulle en couleurs qui brille un instant», explique le réalisateur de «Africa paradise» (2005). Mais cet instant, aussi bref soit-il, est déjà en soi un pas en avant.

Stéphanie Dongmo