dimanche 3 juillet 2011

Ecrans noirs : Retour sur le chlore de Nkappa


Un film de Franck Sanson part de cette affaire pour poser la question de l'Afrique comme décharge de l'Occident.

L'affaire du chlore de Nkappa n'est pas morte. Le réalisateur français Franck Sanson l'a ressuscitée dans un documentaire sorti en 2010 sous le titre «Nkappa, une affaire africaine». Le film écrit en collaboration avec le Camerounais Eloi Bela Ndzana a été projeté vendredi dernier au Centre culturel français de Yaoundé, à l'occasion de la 15e édition du festival Écrans noirs.

En 2005, des bonbonnes de chlore ont été abandonnées à Nkappa, une localité de la région du Littoral. Après les dénonciations des populations victimes du gaz toxique, les autorités ont fait enlever les sept bouteilles de chlore en 2006 pour aller les jeter en haute mer. Mais pendant les opérations, le produit s'est déversé dans le bateau et les militaires chargés de la sale besogne se sont jetés à l'eau. Un lieutenant qui ne savait pas nager s'est noyé. Finalement, nous apprend le réalisateur, ces fûts de chlore n'ont pas été détruits ; ils seraient enterrés quelque part. Mais où ? Le film ne répond pas à cette question. Tout comme il parle d'un industriel qui en est le responsable, sans se risquer à avancer un nom. Aussi, malgré le temps, «il y a un sentiment d'injustice car personne n'a été inquiété», témoigne le journaliste Denis Nkwebo.

Partant du chlore de Nkappa, Franck Sanson étend son enquête sur tout le continent. «En Afrique, on a plus de 50 000 tonnes de déchets toxiques, ce qui est énorme», révèle le film. Parmi ces produits néfastes, il y a les pesticides périmés qui sont vendus sur nos marchés; il y a les déchets électroniques que constituent les ordinateurs défectueux. Le film pointe du doigt les industriels occidentaux qui considèrent l'Afrique comme une poubelle. La complicité des gouvernements corrompus favorisant ce phénomène. Interviewé dans le documentaire, le Kenyane Wangari Maathaï, Prix Nobel de la paix, regrette que la protection de l'environnement ne soit pas encore une préoccupation réelle en Afrique. «Il faut que les lois environnementales deviennent comme les droits de l'homme», soutient-elle.

Mais à trop embrasser, on finit par mal étreindre, et c'est justement ce qu'a fait Franck Sanson. Du Cameroun, il s'est intéressé à la pollution au Nigeria, au Ghana, au Kenya, en Côte d'Ivoire et en Somalie, le tout en 52 minutes. Conséquence, le documentaire s'est contenté d'effleurer le sujet en s'inscrivant sur des sentiers battus. Mais la sensibilisation n'est jamais de trop tant que le problème perdure.

Stéphanie Dongmo

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