dimanche 10 juillet 2011

Jean-Marie Nzekoue : «L'Afrique a des potentialités pour remporter la Coupe du monde»


Auteur de « L'aventure mondiale du football africain » et éditorialiste à Cameroon Tribune, il propose des solutions pour rendre les équipes du continent plus performantes.


Vous venez de publier chez L'Harmattan un livre qui retrace l'aventure mondiale du football africain de 1970 à nos jours. A votre avis, depuis cette période, le football africain a-t-il progressé ou régressé ?

Si on regarde le parcours du football africain depuis ces 40 dernières années, on se rend compte qu'il a fait une progression. Depuis 1970 avec le Maroc, le nombre de pays africains participant à la Coupe du Monde est passé à deux en 1982, à 5 en 2006 et à 6 en 2010. Après le Cameroun, deux autres pays du continent ont atteint les ¼ de finale. C'est une évolution, même si elle peut cacher de cuisantes défaites.

Aucune équipe africaine n'a encore atteint une demi-finale de Coupe du Monde. Est-il permis d'espérer?

Il n'est pas dans notre intérêt de verser dans l'autosatisfaction car l'ambition de chaque équipe, c'est d'aller jusqu'au bout. Les ¼ de finale sont une performance extraordinaire pour les équipes africaines, compte tenu du niveau d'où elles sont parties. Mais, l'Afrique a des potentialités pour remporter un jour cette compétition. Le capital humain est là, mais le chemin est encore long. Actuellement, des chercheurs font le parallèle entre le football et le développement économique d'un pays. Il faut que l'environnement qui entoure ces équipes, aussi bien économique que socioculturel, soit à même de les porter à la victoire.

Qu'est-ce qui, à votre avis, bloque l'évolution du football africain ?

Il y a des problèmes d'organisation qui intègrent l'établissement d'un chronogramme étalé dans le temps et l'absence d'une bonne préparation. Un pays ne peut pas prétendre gagner la Coupe du Monde quand il ne peut même pas boucher les nids-de-poule sur ses routes et surmonter ses problèmes d'intendance. Les pays pauvres sont loin de la victoire. Il y a aussi des obstacles psychologiques. On est toujours convaincu qu'on ne peut pas aller loin. L'Afrique a besoin de surmonter cet handicap qui lui fait se contenter de peu. Cela dit, en sport, on ne peut jurer de rien.

Le reproche qu'on pourrait faire à votre livre, c'est de s'être contenté d'une compilation de faits historiques plus ou moins connus, en passant sous silence la crise que traverse le football camerounais...

Mon ouvrage vise une perspective plus large. Je n'ai pas voulu m'attarder sur un pays en particulier et je salue, au passage, les livres que des confrères ont écrits sur les problèmes du football camerounais.

Qu'apportez-vous de nouveau ?

Un livre n'est pas toujours fait pour apporter de grandes révélations. Le simple rappel historique a sa place et la mémoire collective est une valeur qu'il faut cultiver en permanence, surtout en Afrique où on a tendance à oublier. J'ai émis un certain nombre de solutions qui pourront aider les gestionnaires du football africain à combler ses lacunes. Car, le football africain est promu à un bel avenir, à condition que les gens qui le gèrent en Afrique et au Cameroun s'intéressent à son épanouissement et non plus à leurs intérêts égoïstes.

Stéphanie Dongmo


Jean-Marie Nzekoue

L’aventure mondiale du football africain, rencontres historiques et victoires mémorables

L'Harmattan, 2011, 193 pages

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