dimanche 20 novembre 2011

Livre : Portrait d’une famille d’exception

Le journaliste français Alain Mercier brosse le parcours de Zacharie, Yannick et Joakim. Les trois Noah se sont illustrés dans des sports de balle.


C’est une enquête. Ou plutôt, un melting-pot de tous les genres journalistiques. Avec en prime, le portrait et le reportage. Le tout a donné naissance à « Saga Noah », une biographie parue en juin 2011 aux éditions Solar en France.

Son auteur, Alain Mercier, s’est lancé sur les traces de trois hommes qui portent le même patronyme : Noah. Zacharie est le père de Yannick qui, lui-même, est le père de Joakim. Le destin leur a donné de pratiquer, avec un certain bonheur, des sports de balles. Le premier, 74 ans, a joué au football, il y a bien longtemps. Le second, 51 ans, tennisman dans une première vie, s’est reconverti avec succès à la musique. Le troisième, 26 ans, est basketteur. Né « fils de », il a fini par se faire un prénom dans un sport qui est roi aux Etats-Unis. Leurs portraits croisés promènent les lecteurs dans trois continents : l’Afrique où Zacharie vit, L’Europe où Yannick a vécu la moitié de sa vie, et l’Amérique où Joakim évolue.

Le ton général du livre est élogieux. Influencé par ses sujets qui ont « cédé au plaisir innocent de laisser le temps couvrir d’un élégant vernis » leurs souvenirs, l’auteur se laisse parfois aller au lyrisme. Il décrit cette trilogie comme « Une saga unique en son genre, où rien n’est dû au hasard, à la chance ou à un quelconque grigri. Mais, plus sûrement, à une idée fixe, transmise de père en fils comme un secret de famille : bosser, encore bosser, toujours bosser ». L’ouvrage tait (volontairement ?) certains passages de la vie des Noah. Comme l’épisode où Yannick a été préparateur psychologique des Lions Indomptables, l’Equipe nationale du football du Cameroun. Comme aussi le divorce de Zacharie avec Marie-Claire, son ex-épouse française. Par ailleurs, depuis qu’il a quitté le Cameroun à 11 ans, Yannick n’a pas eu le temps d’actualiser ses souvenirs. A la page 182, il décrit Kribi comme un village non électrifié où on mettait 10 à 15 heures pour arriver, en partant de Yaoundé. Il ajoute que le « village » a très peu changé. Yannick parle aussi de l’ewondo comme « l’un des 40 dialectes du Cameroun ». Sauf que le pays en compte plus de 200.

Ancien reporter au quotidien sportif « L’Equipe » et au quotidien « Libération », Alain Mercier collabore au magazine « Le Point ». Parce qu’il est sûrement un bon journaliste, l’auteur a eu du flair. Pour détecter un sujet intéressant et en faire un livre, son sixième, en puisant généreusement dans les archives de presse. Il a eu le mérite de rassembler, en un seul ouvrage, une multitude d’informations éparses. La première de couverture de « Saga Noah » présente des photos des trois hommes. Entre le grand-père et le petit-fils, se trouve le fils. Trait d’union entre deux époques et même, entre deux pigmentations de peau, où le noir n’a pas cessé de s’éclaircir au fil des générations.
Stéphanie Dongmo

Alain Mercier
Saga Noah (biographie)
Solar éditions, Paris
Juin 2011, 251 pages

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