jeudi 8 décembre 2011

Ferdinand Ndinda Ndinda : «Notre peuple n’est pas mature pour choisir un président»


L’auteur de « Deux caïmans dans un marigot » estime que les populations africaines ne sont pas formées à la démocratie.  

 Dans l’avant-propos de votre roman, vous laissez entendre que les africains sont inaptes à la démocratie. Pourquoi ?
L’Afrique n’est pas préparée à la démocratie à l’occidentale. On veut nous imposer le modèle  qu’on dit le plus parfait. Pourquoi nous force-t-on à choisir un président alors que nos peuples sont analphabètes ? Nous ne sommes pas mûrs pour la démocratie à l’occidentale. Depuis le retour du multipartisme, aucun pays africain n’a vu sa gouvernance s’améliorer, ni son peuple prospérer.  Aussi, devons-nous choisir un modèle de gestion du pouvoir à l’africaine qui nous convienne.
Quels seraient les contours de ce modèle africain?
Chaque pays devrait avoir son propre modèle. Il faut qu’on réduise la durée du mandat électoral à 3/4 ans pour qu’il y ait une grande pratique. Il faut sensibiliser et former le peuple à la pratique de l’élection pour arriver à la démocratie du « one man, one vote ». Le peuple aura ainsi une culture de la démocratie, car la démocratie ne s’acquiert pas spontanément. Elle ne se limite pas non plus à une élection transparente. Le choix du peuple est l’aboutissement de sa maturité. Ce qui n’est pas encore le cas chez nous. Notre peuple n’est pas à la hauteur du choix qu’on lui impose et ne peut pas comprendre un programme politique, car il n’a pas été formé à la démocratie.
En traitant du conflit ivoirien, vous dites ne pas prendre partie. Mais peut-on être réellement neutre?
Je peins la situation de deux frères qui se disputent le pouvoir, en ramenant les personnages du conflit ivoirien dans un contexte bulu. Je pense que chacun peut trouver lui-même la solution à son problème, l’Afrique peut trouver des solutions en elle-même. La Côte d’Ivoire avait de la ressource pour trouver une solution. Henri Konan Bédié aurait pu, par exemple, être le médiateur entre Gbagbo et Ouattara. Pourquoi a-t-il disparu après le début du second tour ? Je ne suis pas neutre. Je déplore que la Côte d’Ivoire ai manqué une occasion de trouver une solution à son problème et a ouvert la porte aux puissances occidentales. Il faut sensibiliser notre peuple à ne pas toujours aller chercher des solutions ailleurs.
Votre livre paraît pendant la présidentielle au Cameroun. Vouliez-vous faire passer un message ?
J’ai vécu en Côte d’Ivoire, j’ai participé aux débats dans les médias sur la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. J’ai été choqué par ce qui s’est passé dans ce pays. J’ai écrit le livre rapidement et je me suis mis en quête d’un éditeur. Je ne l’ai pas écrit pour le Cameroun, mais il se trouve que le calendrier des élections a coïncidé avec la sortie du livre. J’ai voulu, par ce livre, prolonger le débat sur la crise ivoirienne.
Propos recueillis par S.D.

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