jeudi 12 janvier 2012

Culture: Ces artistes morts en 2011


 L'héritage que ces Camerounais laissent à la postérité.

La chanteuse Bebe Manga

Abanda Aviateur a atterri
Le 5 mai 2011, le chanteur de bikutsi Abanda Aviateur a trouvé la mort dans un accident de la circulation sur la route de Mfou, à une quinzaine de kilomètres de Yaoundé. Bilan de l’accident, trois morts, dont un élève. Médard Abanda Emini, de son vrai nom, avait 52 ans. Abanda Aviateur a fait son entrée dans la musique à la fin des années 1990 en chantant dans des cabarets. On lui connaît des titres restés célèbres, tels « A qui le tour », « Question de temps » et « C’est ma vie ». En solo ou en duo, il a ainsi contribué à populariser le bikutsi. Chanteur, auteur-compositeur, il surfait entre les rythmes ekang, merengue et bikutsi. Son dernier album, « Les Gallons des sorciers », est sorti en 2004. Abanda Aviateur a été inhumé le 4 juin 2011 dans son village, Nyakokombo, par Ayos.
Stéphanie Dongmo

Bébé Manga a laissé « Amio »
Il est à parier qu’à l’un et l’autre bout du monde, nombreux parmi ceux qui ont repris le titre « Amio » ne savaient même pas d’où venait cette chanson. Il n’empêche ! Bébé Manga, décédée le 1er juillet 2011 à Douala, grâce à ce tube, était un poids lourd de la chanson camerounaise et africaine. Un bon makossa chaloupé, comme Ebanda Manfred, l’auteur, savait en faire. Pour le grand bien d’une interprète de haut vol à la fibre très jazzy. Eperonnée par Miriam Makeba et influencée par les grandes chanteuses noires américaines, Elisabeth Bessem Manga, avec sa voix de « bébé », s’était forgé une identité. Qui n’aura pas tout à fait suffi à l’amener sur les sommets qui étaient largement à sa portée. Inaccomplie.
Stéphane Tchakam

Charles Nyatté meurt au tournage 
Il s’était révélé au public en 1987 dans « Japhet et Ginette », le téléfilm réalisé par Daouda Mouchangou et diffusé sur la Crtv. Dans un duo de charme avec Ginette, joué à la perfection par Joséphine Ndagnou, Japhet, incarné par un Charles Nyatté au paroxysme de son art, avait certainement joué son meilleur rôle au cinéma. Et peut-être dans la vie. D’autres rôles avaient suivi dans « Le don involontaire », ou « Notre fille ». Mais, sans jamais avoir la même épaisseur que celui de Japhet. Charles Nyatté a d’abord commencé au théâtre, créant au passage « Les tréteaux d’ébène », une troupe au sein de laquelle Essindi Mindja et d’autres acteurs ont fait leurs premières classes de comédiens. Le comédien est décédé le 15 novembre 2011 alors qu’il tournait dans une série télévisée. Il avait 67 ans.
Jacques Bessala Manga


Cheramy emporte son œuvre 
Saxophoniste et guitariste de renom, Cheramy de la capitale, l’une des toutes premières vedettes de la chanson dans la période d’avant et d’après l’indépendance camerounaise, prend sa retraite en 1981. Il se retire à Nkollo III, son village natal. Le 11 mai 2011, soit une trentaine d’années plus tard, l’initiateur des caravanes nuptiales décède à Yaoundé. Apollinaire Owona, de son vrai nom, a popularisé le merengue au Cameroun. Il laisse à la postérité des titres célèbres comme "Sophie", "Edin no1", "Merengue Saint Paul", "Merengue propidon", "Mot ane zeze", "Docteur Messimba", "Enon etam e ne aba abui"… En dehors des bandes masteurisées que certains animateurs ont conservées, il n’existe pas de support audio de l’œuvre de l’artiste.
Cathy Yogo

Dick-Edjoa casse sa guitare
Steve Emmanuel Dick-Edjoa, l’un des rares joueurs de guitare hawaïenne au Cameroun, est mort le 15 février 2011 à Nko’ovos, par Ebolowa. Il avait 86 ans. En 1941, l’ancien combattant est incorporé dans l’armée française comme tirailleur africain en Indochine, qu’il s’initie à la guitare hawaïenne. Il la jouait en l’accompagnant de vers poétiques. Il ne se séparait pas de cette fameuse guitare qui l’accompagnait partout, jusqu’à sa mort.
S.D.

Foty s’est tu à jamais
Il venait à peine de rompre le silence dans lequel il était plongé depuis la dissolution du duo Tim & Foty en 1982 quand il est décédé. Maurice Fotié Kembiwo, de son nom d’artiste Foty, a composé la chanson « Bafoussam et Biya, main dans la main », en septembre 2011. Le 11 novembre, il est décédé des suites d’une occlusion intestinale à Bafoussam, à l’âge de 60 ans. Influencé par le rock, les Beatles et les Rooling Stone, le duo Tim & Foty, qu’il forme avec son cousin Jean-Marie Tiam en 1997, atteint presque le sommet des ventes de musique africaine en 1980 avec l’album « Eda », dont le titre phare « Douala by night ». En 1982, la chanson est plagiée par la rappeuse américaine Missy Elliott, qui leur verse une compensation financière.
S.D.

Goddy Leye aura sa stèle
Brutal et tragique. Un sms tombe le samedi 19 février 2011, au petit matin. Goddy Leye est mort cette nuit même. Un grand vient de s’en aller. Parce que Goddy Leye était un grand des arts plastiques. Pur produit de l’école Pascal Kenfack, Goddy s’en émancipera pour continuer à apprendre et à se forger un style avec, en guise de philosophie et de leitmotiv, la Négritude. Pour ce faire, l’homme de Bonendale, à Douala, jouera de tous les supports, de la peinture à la vidéo. Non sans mettre sur pied Art Bakery, à la fois collectif et sorte d’école où l’on viendra du monde entier pour apprendre chez le maître. A qui ses disciples érigeront bientôt une stèle.
S.T.

Nkono Telès n’arrangera plus
Nkono Telès est mort le 14 avril 2011 à Bafia, après plusieurs mois de maladie, à un peu plus de 60 ans. Arrangeur, ingénieur de son et producteur, Télesphore Nkono, alias Nkono Teles, a travaillé avec plusieurs noms de la musique camerounaise : Guy Lobe, Tasse Vermont Duclair, Longue Longue, Goe Masso, Papillon, Samy Diko, Petit Pays. Il a aussi fait des arrangements pour des musiciens congolais, dont Papa Wemba. Membre de la Société camerounaise de l’art musical (Socam) au moment de son décès, Nkono Telès avait créé, en 1997, le studio d’enregistrement Nkono Digital, à Douala. Il était aussi l’auteur de deux albums : « Fiesta Dancin’ » et « Party beats » en 1985.
S.D.

Paolo Eyoum sera enterré samedi
Trois ans après la sortie de "Viens me bercer", son premier album, Paolo Eyoum est décédé le dimanche 11 décembre 2011 à Douala. Le chanteur de makossa, qui sera inhumé demain samedi à Douala, a succombé à un malaise cardiaque à l’hôpital Ad Lucem d’Akwa Nord. Paul Eyoum, de son véritable nom, était un artiste de l'écurie SP Association de Sergeo Polo, qui l’a produit. Ponte des cabarets, il a également présenté le concours de la chanson Mutzig aux cotés de Longue Longue et du groupe Faddah Kawtal, sans succès.  
C.Y.


 Thérèse Ngann, la styliste
La première styliste camerounaise est décédée le 30 avril 2011 à Douala, à l'âge de 83 ans. Thérèse Ngo Ndjack, épouse Ngann Liboho, a commencé sa carrière en 1955. Le 28 mai 1967, la styliste organise, à la salle des fêtes d'Akwa à Douala, le tout premier défilé de mode du pays. Parmi ses clientes, des premières dames : Germaine Ahidjo, Jeanne Irène Biya et Marie-Joséphine Bongo (Patience Dabany). Après ce faste, Thérèse Ngann va connaître le revers de la médaille et mourir dans le dénuement. A ses obsèques le 4 juin 2011 à Matomb, le styliste Parfait Behen a témoigné de son œuvre : « Son travail réunissait création et plaisir sans encombre. Il mettait en exergue la morphologie de la femme africaine». Thérèse Ngann laisse à la postérité 25 tenues en bazin et tissu pagne, ses matériaux de prédilection, qui ont été remis au ministère de la Culture.
S.D.


Toussaint Eyango et sa prémonition
Le 12 juillet 2011, le cinéaste Toussaint Adrien Eyango a finalement succombé à la mystérieuse maladie qui le rongeait. Né le 05 mars 1959 à Douala, il a travaillé, de 1979 jusqu’à sa mort, à la Direction du recouvrement de la Caisse nationale de prévoyance sociale. Toussaint Adrien Eyango a réalisé au total cinq films. « Le Ridicule » (1999), « Le Devoir » (2002), « Le Repentir actif » (2003), « Bébé Joan » (2006) dépeignent froidement la société dans laquelle vivait l’auteur. « Bana ba Nyoué » (Les orphelins) restera son œuvre majeure. Adrien Toussaint Eyango repose à Grand Souza depuis le 28 juillet 2011. Il laisse une veuve et cinq enfants. Orphelins, comme ceux qu’il a mis en scène dans son film prémonitoire, « Bana ba Nyoué ».
J.B.M.

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