samedi 16 juin 2012

Festival : la mode sous toutes ses coutures

La 3ème édition du Forum des métiers de la mode et du design, organisé par Yves Eya’a, s’est achevée le 15 juin par un défilé de mode à Yaoundé.

Exposition à l'Institut français de Yaoundé. Une création de Samba Diaw.


Du 12 au 16 juin derniers, Yaoundé a accueilli le Forum des métiers de la mode et du design organisé par le Centre des créateurs de mode du Cameroun (Ccmc) que dirige Yves Eya’a. Le but de cette troisième édition était la « valorisation et le développement des industries de la mode et de création au Cameroun ». A cet effet, les créateurs ont travaillé sur un tissu en noir et blanc imposé par l’organisation, un produit de la collection Ebony de la Cicam.
Institut Goethe de Yaoundé. Les panélistes à la conférence. Photo Goethe.
Pendant six jours, des experts français et allemands ont animé des ateliers de formation à l’intention de jeunes créateurs de mode et design. Les activités ont porté sur les techniques de coupe et de couture, sur les finitions et sur les normes internationales des créations, entre autres. Au programme aussi, plusieurs expositions. Le Ccmc a accueilli des photographies du Français Sébastien Véronèse, l’hôtel Hilton une série de modèles de créateurs camerounais. Le Forum s’est ouvert le 12 juin dernier par le vernissage de l’exposition baptisée « Coup de cœur », composée de créations des stylistes camerounais Jamel O. et Maurice Leroy, et du Sénégalais Samba Diaw.

Ecole Best-Sabel de Berlin
Le 13 juin, c’était au tour de l’Institut Goethe d’accueillir une rencontre d’échanges entre des stylistes, notamment la Comorienne Sakina M’Sa, les Camerounais Jean Philippe Azegue et Juliette Ombang, et le public en général. Les échanges ont porté sur la professionnalisation des métiers de la mode, le regroupement des professionnels en association, l’intérêt du coton bio dans les créations, la valorisation et le développement des industries de mode et de création.
Professionnalisation

Pour Sakina M’Sa, « aujourd’hui, un créateur de mode n’est pas qu’un artiste, c’est aussi un chef d’entreprise. On a le droit de gagner de l’argent ». Et pour se faire, les créateurs doivent aussi mettre l’accent sur les finitions, l’enjeu étant la qualité du produit fini. Jean Philippe Azegue a déploré le fait que les créations camerounaises ne respectent pas toujours les normes internationales et peu de marques s’exportent. D’où la nécessité de créer des entreprises de couture. Il a ajouté que les créateurs camerounais soient abandonnés à eux-mêmes, en soulignant la nécessité du soutien de l’Etat d’appuyer les regroupements existants comme la Fédération camerounaise du prêt-à-porter.

Création de Juliette Ombang
Juliette Ombang, fondatrice de la marque Black Giraffe depuis 1980, s’est étendu sur l’opportunité que représente le prêt-à-porter pour les créateurs camerounais. D’ailleurs, se désole-t-elle, « 90% de ce que les boutiques vendent, c’est du prêt-à-porter importé de l’étranger. Il faut faire du prêt-à-porter pour la clientèle locale, et il y a une clientèle. Moi-même, je ne produit pas assez par rapport à la demande ». Pour elle, les problèmes de la mode au Cameroun sont de plusieurs ordres : le manque d’organisation, le manque d’infrastructures, les difficultés d’accès à la matière première et l’absence de main d’œuvre qualifiée.

Le 3ème Forum des métiers de la mode et du design s’est achevé le 16 juin par un défilé de mode à la résidence de l’ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, en présence de l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne et des membres du Cercle des amis du Cameroun (Cerac). Ce défilé s’est déroulé sur le thème « Regards croisés des cultures », avec des collections de Sakina M’Sa avec l’école Notre Dame des Victoires de Mvog-Ada, de Florence Amanoga Oloumou, de Dio Ali, de Georges Boutsili Embolo, de Josiane Tchekoudjouo, de Juliette Ombang et de l’école Best-Sabel de Berlin. Avant cela, pendant le cocktail, il y a eu une projection de photographies de Sébastien Véronèse, assurée par l’équipe du Cinéma Numérique Ambulant Cameroun, qui a bravé la pluie pour installer son écran en plein air.

Yves Eya'a
Pour Yves Eya’a, l’organisateur de ce forum, l’ambition de cet évènement est de « préparer au mieux les entreprises à rejoindre le monde de la mode internationale, d’encourager les créateurs à se nourrir de l’extérieur tout en conservant leur implantation locale. L’idée de ce forum naît du souci de professionnaliser les entreprises camerounaises dans le secteur des industries créatives en générale ».

Stéphanie Dongmo  

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