vendredi 6 juillet 2012

Ecrans noirs 2012 : Pour plus de documentaires à la télévision

Une rencontre professionnelle s'est tenu du 3 au 4 juillet à l'Institut Goethe de Yaoundé, pour une meilleure collaboration entre producteurs indépendants et diffuseurs. 

Le stand de l'Apic au village du festival.


L'Association des producteurs indépendants du Cameroun (Apic) a organisé une rencontre entre producteurs et diffuseurs sur le thème "Le documentaire et la télévision en Afrique", en partenariat avec l'association allemande des professionnels du documentaire AGDOK et l'Institut Goethe de Yaoundé. Un zoom sur le documentaire que Cyrille Masso, le président de l'Apic, qualifie de "parent pauvre des grilles de télévision", principal diffuseur de ce genre cinématographique. 

Autour de la table, une dizaine de producteurs face à trois chaînes de télévision, dont deux privées, sur les 17 officiellement enregistrées au Cameroun. Comme toujours lors de ce type de rencontre, les accusations ont fusé de toutes parts. Les chaînes de télévision ont été accusées de ne pas acheter des oeuvres de producteurs indépendants et de leur préférer des programmes étrangers, au mépris du quota légal qui est de 70% de programmes camerounais et 30% de programmes étrangers. Robert Ekukolé, le directeur des programmes et de la production à la Crtv, la télévision nationale camerounaise, reconnaît pourtant la nécessité pour les chaînes africaines d'avoir des programmes qui reflètent nos réalités, car "si tu ne peux pas montrer ta propre image, quelqu'un d'autre le fera en la déformant". 

Sur la défensive, les télévisions ont accusé à leur tour les producteurs indépendants de faire des films de moindre qualité, qu'elles acceptent souvent de diffuser quand même pour meubler leurs grilles de programmes. Mais surtout, elles se sont justifiées, en arguant, pour les privés, de l'étroitesse de leur budget qui arrive déjà à peine à couvrir les salaires du personnel. Un faux-fuyant quand on sait que ces télévisions qui diffusent des films de producteurs indépendants sans rien payer investissent dans la production des télé-réalités qui, selon elles, attirent plus d'annonceurs.

Les responsables des chaînes de télévision reconnaissent unanimement que des productions indépendantes de qualité vont apporter de la valeur ajoutée à leurs grilles de programmes. D'où la nécessité de trouver un terrain d'entente entre deux entités qui ont besoin l'une de l'autre : d'une part, la télévision qui a besoin d'oeuvres pour améliorer sa programmation, de l'autre, les producteurs indépendants qui ont besoin d'un espace de diffusion. La réconciliation entre les deux parties passe par un partenariat "gagnant-gagnant" dont des contours ont été dessinés.

Cinéma numérique ambulant 

Il est question d'encourager les co-productions entre les producteurs et les chaînes qui pourraient ne pas investir de l'argent mais juste engager du matériel (à condition que ce matériel soit de qualité et d'actualité ) et d’amener les chaînes de télévision à payer, même une somme modique, pour obtenir les droits d'exploitation des films. Il est aussi question d'inciter les producteurs indépendants à créer des entreprises pour porter leurs projets, et leur faire comprendre la nécessité de faire des films de qualité. Les autres canaux de diffusion ont été explorés, comme les festivals de cinéma et le cinéma itinérant avec notamment le Cinéma numérique ambulant au Cameroun, qui a pour objectif la projection des films africains de fiction et de sensibilisation dans les villages et la quartiers pauvres des villes. 

Pour essayer de matérialiser ces voeux que les participants ne souhaitent pas pieux, la rencontre entre les producteurs et les diffuseurs a accouché d'un réseau constitué de professionnels des deux camps chargés de suivre l'application des bonnes résolutions prises en salle. Un réseau de plus dont le risque est qu'il ne vienne gonfler les rangs des mort-nés des rencontres, face à la difficulté de trouver les moyens de ses ambitions.
Stéphanie Dongmo

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