lundi 9 septembre 2013

Yaoundé : du cinéma pour les aveugles

L’Association nationale des aveugles utilisateurs de matériel informatique a organisé la projection d’un film en audiodescription le 7 septembre, à l'intention des personnes malvoyantes et malentendantes.
Au cours de la projection du film audio décrit

Selon la Fondation internationale de l'œil, il y a près de 45 millions d'aveugles dans le monde, dont la majorité se trouve en Afrique. Au Cameroun, les enquêtes réalisées par le Comité national de lutte contre la cécité (CNLC) en 2005 font état d'environ 640 000 personnes déficientes visuelles, parmi lesquelles 180 000 aveugles et 480 000 malvoyants. Une population qui est généralement exclue des arts et de la culture, et particulièrement du cinéma.
C’est fort de ce constat amer que l’Association nationale des aveugles utilisateurs de matériel informatique du Cameroun (Anaumic) a organisé la projection publique d’un film en audiodescription à l’intention des personnes souffrant de déficience visuelle ou auditive. C’était le 7 septembre à l’hôtel Djeuga palace à Yaoundé, avec l’appui technique du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) du Cameroun.  
L’audiodescription est un ensemble de techniques qui permettent de rendre des films, des spectacles ou des expositions accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes grâce à un texte en voix off qui décrit les éléments visuels de l'œuvre. Le film « No et moi » de la réalisatrice française Zabou Breitman, mis à la disposition de l’Anaumic par la Fondation Valentin Haüy, a été diffusé en présence d’une centaine de personnes. Il raconte l'amitié entre une adolescente surdouée et une jeune sans-abri délurée. La particularité ici est que le film, tournée en français, est également sous-titré en français. Une voix off décrit les couleurs, le temps qu’il fait, les gestes, les regards, bref, tout ce qui ne rentre pas dans les dialogues et qui est nécessaire pour comprendre le film.
A la fin de la projection, Lionel Tchuente, secrétaire général de l’Anaumic, a dit sa satisfaction : « le film était poignant et accessible, on a été capable de la découvrir entièrement, sans se perdre ». Même son de cloche chez Martine Mengue, une malvoyante : « je suis passionnée de cinéma et à la maison, je suis souvent frustrée de ne pas comprendre tout le film. Là, je suis très touchée d’avoir assisté à cette projection d’un film audio décrit, j’espère que j’aurais d’autres occasions de le faire ».
Un souhait que l’Anaumic espère réaliser. Daniel Kegni Tiomo, son président, explique : « le but de cette projection était de présenter les innovation faites dans le domaine du cinéma accessible aux aveugles. Grâce aux nouvelles technologies, l’Anaumic travaille à renforcer les capacités des déficients visuels. Nous allons tout mettre en œuvre pour organier une autre projection de ce genre ». Créée en 2008, l’Anaumic a pour ambition de vulgariser l’audiodescription et de promouvoir l’approche handicap visuel dans les arts et la culture au Cameroun. Pour que les non-voyants deviennent des cinéphiles et un public potentiel pour le cinéma camerounais.

Stéphanie Dongmo 

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