mercredi 6 août 2014

Grégoire Owona : « L’histoire du Cameroun est dans les livres »

Ministre du Travail et de la Sécurité sociale et Président du Conseil d’administration de l’association Ecrans noirs, il réagit au sortir de la projection du documentaire « Une feuille dans le vent » de Jean-Marie Teno, le 23 juillet dernier à Yaoundé, à l’occasion de la 18ème édition du festival Ecrans noirs. Un film où Ernestine Ouandié raconte sa quête du père et les traumatismes qui découlent du silence entretenu autour de l’histoire de l’indépendance. Le Secrétaire général adjoint du Rdpc, le parti au pouvoir, dédouane l’Etat du devoir de mémoire.


 
Grégoire Owona
Vous venez d’assister à la projection du documentaire « Une feuille dans le vent » de Jean-Marie Teno qui, à travers l’histoire d’Ernestine Ouandié, revisite l’histoire politique du Cameroun. Que pensez-vous de ce film ?
Je pense que c’est un très bon film d’abord sur le plan technique. Ensuite, le sujet est très intéressant, de voir ce que peut être la vie d’un homme politique, les côtés cachés : faire un enfant, partir sans savoir qu’on a fait un enfant, quelle vie cet enfant va vivre, ça fait apprendre beaucoup. Ce qui est important c’est l’évocation de l’histoire du Cameroun que beaucoup de personnes n’ont pas l’occasion de lire dans les bouquins. Cette évocation est objective ou manque d’objectivité, l’important est que ce qu’on a vu peut susciter la curiosité de chacun pour en savoir un peu plus.

L'affiche du film
Le Cameroun a célébré le cinquantenaire de son indépendance en 2010 sans que ces héros qui ont permis d’y arriver soient cités nommément…
Ces personnes ont été mises en valeur dans un spectacle présenté plusieurs fois à Buéa [à l’occasion du cinquantenaire de la Réunification en 2014, Ndlr]. Il n’y a jamais rien de suffisant, on les chanterait matin, midi et soir que certains trouveraient que ce n’est pas suffisant, d’autres trouverons que c’est trop. L’important c’est qu’on ait dit qu’il y a des héros qui ont fait l’histoire de ce pays, ces figures ont été cité nommément à Buéa et dans les actes de l’Assemblée nationale qui les a réhabilité. Maintenant, il ne faut pas que chacun essaie de fabriquer son petit Cameroun, on a un seul Cameroun,  Ouandié Ernest est reconnu comme un héros de ce pays.

Ernest Ouandié
Dans le film, on voit bien les conséquences psychologiques que le silence autour de cette mémoire peut entraîner, que faire pour que cette histoire soit vulgarisée ?
Cette histoire est publiée dans les livres par ceux qui ont écrit l’histoire politique moderne du Cameroun. Il faut que les gens s’intéressent à leur pays, il n’y a pas de miracle, il n’y a que le travail. Que les gens travaillent, qu’ils soient un peu plus curieux et s’informent sur leur pays, sur son histoire, ses héros.

C’est aussi à l’Etat d’enseigner cette histoire dans les écoles…
On n’est plus justement à l’époque où l’Etat doit tout faire, ça c’est ce que nous devons éviter. Il serait bon que les Camerounais sachent que chacun a sa part à faire, l’Etat est là pour réguler. Tout seul, il ne peut pas tout faire.

Propos recueillis par Stéphanie Dongmo


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