vendredi 22 janvier 2016

Chronique : Nathalie Koah ou l’occasion manquée

A l’occasion de la publication, en février prochain, du livre-témoignage de l’ex-compagne du footballeur Samuel Eto’o intitulé « Revenge porn », nous vous proposons cette chronique écrite en janvier 2015. Nous pensons que cette chronique a inspiré Nathalie Koah à se lancer dans la rédaction de son livre finalement interdit de diffusion, mais dont le Pdf circule sur le net. 

Annonce la parution du livre de Nathalie Nkoah.

Le monde entier, et moi en particulier, a suivi de près le feuilleton amoureux entre François Hollande et Valérie Trierweiler, impliquant nécessairement toutes les personnes qui gravitent autour du couple, dont Ségolène Royal et Julie Gayet. Eh oui, nous faisons tous preuve de voyeurisme, nous qui rions, et pas toujours sous cape, des déboires de ce quatuor amoureux, nous qui dévorons le livre-confession de la journaliste, où elle raconte sa liaison et sa rupture avec le président de la République française.

S’il est une chose que ce dernier rebondissement nous a appris, c’est que les femmes bafouées ont désormais un recours : l’écriture. Surtout si elles ont pour atout d’avoir eu une liaison avec un homme remplissant l’une de ces conditions : puissance, richesse, célébrité.

Nathalie Koah, jusqu’à il y a peu hôtesse de l’air du carré Vip de Camair Co, avait tous ces atouts dans sa manche. Elle avait partagé, sept années durant, le lit d’un homme célèbre, riche et puissant à la fois. Cerise sur le gâteau, cet homme était également talentueux et, comble de bonheur, controversé.


Tous les ingrédients pour une réplique à la Trierweiler étaient donc réunis : une liaison torride, une rupture chaotique, une femme clouée au pilori, à tort ou à raison. Mais surtout, des révélations croustillantes sur le caractère incendiaire et les tendances sexuelles de l’un des footballeurs les plus célèbres du monde. Beaucoup de secrets à dévoiler donc.

Moi Nathalie Koah, face à la plainte et aux accusations de mon ex-amant, j’aurais gardé mon calme et pris mon mal en patience. Je n’aurais pas brûlé mon histoire par les deux bouts en la bradant aux radios et autres médias.

Moi Nathalie Koah, j’aurais tout enduré le jour avec le sourire. Mais le soir, dans le secret de ma chambre, j’aurais pris ma plume pour écrire et me défouler de toutes les frustrations, les accusations et les humiliations.

Moi Nathalie Koah, j’aurais raconté ma part de vérité dans un livre écrit à la va-vite, avec ma douleur, ma colère et mon orgueil. J’aurai tout dévoilé : ma rencontre avec Samuel Eto’o Fils, les voyages somptueux qu’il m’offrait, nos disputes et la saveur de nos  réconciliations. J’aurais terminé par le moment où tout a basculé, quand j’ai décidé de le quitter.

Moi Nathalie Koah, j’aurais laissé libre cours à ma colère pour parler d’Eto’o, cet homme qui m’offrait le ciel et qui, aujourd’hui, veut m’enfoncer plus bas que terre. Au passage, j’aurais révélé des détails croustillant sur nos expérimentations sexuelles, écorché les femmes de sa vie, mes anciennes rivales, et salit ses hypocrites d’amis qui ne m’ont jamais aimé. En aucun cas je ne me serais laissé démonter par un mariage, probablement de dépit, avec une femme qui l’a attendu si longtemps.

Moi Nathalie Koah, je serai délibérément resté évasive sur les raisons de ma rupture. Je n’aurais pas donné satisfaction aux gens qui auraient attendu que je clarifie ma relation avec  Fally Ipupa. Je n’aurais pas non plus donné satisfaction à ceux qui y auraient attendu le nom d’un membre du gouvernement du Cameroun. Il faut bien garder quelques manches pour soi, au cas où j’aurais besoin d’écrie un Tome II.  

Nathalie Koah.
Moi Nathalie Koah, je n’aurais eu aucun mal à trouver un éditeur compétent qui sache entourer la publication de mon livre de confidentialité. Le bouquin, que j’aurais intitulé « Je te quitte, merci de me laisser tranquille », serait sorti le même jour au Cameroun et en Europe, mais surtout dans tous les pays où mon ex a été titulaire.

Moi Nathalie Koah, j’aurais publié mon livre dans la foulée du cuisant échec du Cameroun en Coupe du monde et du retrait du brassard de capitaine des Lions indomptables à mon ex, une aubaine commerciale. Le bouquin aurait nécessairement été un Best-Seller, si on prend en compte ses clients potentiels : les fans et les amis d’Eto’o, les ennemis et les détracteurs d’Eto’o –et dieu sait s’il en a-, les professionnels du milieu footballistique, du showbiz, les journalistes, etc.

Moi Nathalie Koah, j’aurais par la suite vendu les droits d’adaptation au cinéma de mon livre à un producteur, américain, jamais camerounais, encore moins français. En plus d’avoir eu mon nom étalé en première page des journaux les plus importants de la planète, j’aurais eu le plaisir de voir mon histoire portée à l’écran et mon nom immortalisé à jamais.

Moi Nathalie Koah, accusée et jetée en pâture par mon ex, j’aurais raflé plusieurs millions de Fcfa en dommages et intérêts pour assurer mes vieux jours – eh oui ! La beauté n’est pas éternelle.

Mais Nathalie Koah n’étant pas moi, elle n’a rien fait de tout ça quand il en était encore temps. Aujourd’hui, son histoire est dévaluée et ne peut plus faire l’objet d’un livre à succès, avec son goût de déjà entendu. Il est trop tard, impossible de rattraper le coup. 

Avis donc à toutes les femmes qui fréquentent les lits d’hommes riches, célèbres et/ou puissant. Mettez-vous dès maintenant à la prise de note pour votre futur Best-seller. Si nécessaire, enregistrez quelques conversations compromettantes et gardez le tout bien au chaud. N’ayez crainte, l’occasion de ressasser publiquement ces vieux souvenirs se présentera plus vite que vous ne le pensez, car l’homme est et restera un loup pour la femme.

Stéphanie Dongmo 

1 commentaire:

  1. Bravo Stephanie pour cette belle chronique. Une analyse profonde et objective Tu ne devrais plus seulement te limiter au grand reportage. Cependant contrairement à toi je crois que ce livre est toujours d'actualité; Leur procès est toujours en cours au Tribunal

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